Corine Mauch, ingénieure agronome de 48 ans, est la première
femme à accéder à la présidence de Zurich, plus grande ville de
Suisse. Seconde au premier tour, la socialiste a récolté dimanche
41'745 voix, contre 30'851 à Kathrin Martelli, 56 ans. Le scrutin
n'a pas attiré la foule, avec une participation de 34,2%.
Appel de l'UDC au boycott
Les deux femmes se sont dites surprises de la netteté du
résultat. Pour Corine Mauch, les Zurichois sont visiblement
satisfaits de la politique menée par les socialistes au
gouvernement. La municipalité de Zurich est en effet dominée par la
gauche depuis 18 ans. La majorité rose-verte y détient cinq sièges
(4 PS, 1 Vert), contre quatre pour le camp bourgeois (3 PRD, 1
PDC).
Membre de la municipalité depuis 15 ans et plus connue du public
que Corine Mauch, Kathrin Martelli a été lâchée par l'UDC, qui a
appelé au boycott du scrutin. "Je n'ai reçu aucune voix des
démocrates du centre", a déclaré la candidate malheureuse à l'issue
de l'élection.
Un nouveau style
Avec Corine Mauch, les Zurichois ne se sont pas seulement donné
la première maire de leur histoire. Ils ont aussi opté pour un
changement de génération et un nouveau style. En effet, cette
quadragénaire, qui parle très bien le français, incarne la
fraîcheur et le pragmatisme sans vagues. Finies les fanfaronnades
de l'ancien patron charismatique Elmar Ledergerber, place à
l'action tranquille de l'ingénieure agronome engagée dans le
développement durable.
En effet, contrairement à Elmar Ledergerber, Corine Mauch ne
semble pas particulièrement apprécier les mondanités. Elu maire en
2002, Elmar Ledergerber a su vendre la cité comme personne avant
lui. Sous son règne, Zurich a pris régulièrement la tête des
classements internationaux jugeant de la qualité de vie des villes.
Cet automne, il a même été élu deuxième meilleur maire au
monde.
En octobre dernier, Elmar Ledergerber a annoncé qu'il quitterait
ce printemps ses fonctions, soit un an avant la fin de la
législature. Le socialiste, qui aura 65 ans samedi prochain, a
expliqué vouloir consacrer plus de temps à son fils cadet
adolescent.
Pas une technocrate
Les diplômes obtenus par Corine Mauch à l'EPFZ et à l'institut
lausannois IDHEAP n'en font toutefois pas une technocrate
déconnectée des réalités. Les treize années passées par cette
spécialiste de l'urbanisme dans le rôle parfois terre-à-terre de
conseillère communale en attestent. Présidente de la commission des
finances, la quadragénaire n'avait pourtant pas inscrit son
accession à la mairie dans son agenda. Du moins pas encore.
Elle venait à peine d'entamer son travail de cheffe de projets
auprès des services du parlement fédéral. Mais le départ précipité
d'Elmar Ledergerber en a décidé autrement.
ats/mej
Son homosexualité pleinement assumée
Ouvertement homosexuelle, Corine Mauch n'a pas souhaité faire de sa vie privée un programme électoral. Evoquée dans les médias, l'homosexualité de la nouvelle maire de Zurich n'a pourtant jamais été absente de la campagne.
"Je m'y attendais", confie sereinement l'élue. "Beaucoup de choses ont changé en peu de temps: le partenariat enregistré a été largement adopté dans le canton de Zurich, puis au niveau fédéral", rappelle-t-elle.
Corine Mauch ne veut pourtant pas se laisser réduire au rôle de politicienne homosexuelle. "Je suis lesbienne, et alors?", lance la socialiste.
"Je n'ai jamais voulu être élue rien que pour cela, même si je comprends que de nombreux homosexuels aient voté pour moi principalement pour cette raison. Je n'en ai jamais fait un secret. Et si l'on veut changer les choses dans la société, il faut avoir le courage de s'assumer pleinement".