Dans les camps en Syrie, la RTS a pu identifier six enfants en bas âge avec au moins un parent suisse. Ils ont été faits prisonniers après la chute du dernier bastion du groupe Etat islamique en mars. Ces enfants se trouvent actuellement dans les camps au nord de la Syrie. L'un d'eux est blessé et les autres sont dans des conditions précaires de santé.
"Mes petits-enfants sont innocents"
Isabelle (nom connu de la rédaction) est une grand-maman vaudoise qui se bat pour rapatrier ses petits-enfants. Son fils, Marc (voir encadré), un converti, est parti en Syrie en 2013. Combattant pour le groupe Etat islamique, il s’est marié. Marc a un garçon de quatre ans et une fille de 17 mois.
"Je ne demande rien pour mon fils", explique Isabelle,"mais pour mes petits-enfants, ils sont innocents. Il faut les ramener en Suisse." Les conditions de vie en Syrie dans les camps de prisonniers sont particulièrement difficiles pour les enfants. Plusieurs enfants en bas âge sont déjà morts dans les camps de prisonniers autour de Baghouz.
La soeur d'Ema (nom connu de la rédaction) est détenue dans les mêmes camps. Elle a eu un bébé en Syrie. Ema se bat pour les faire revenir ensemble. Contactée par téléphone, elle explique: "Si on ne fait revenir que le bébé, j’ai peur que ma sœur ne soit abandonnée sur place. Il faut que les mamans et les enfants soient rapatriés ensemble en Suisse."
Retour pas interdit pour les adultes
Le Conseil fédéral a fixé le 8 mars une ligne d’action: la Suisse n'interdit pas un retour des adultes en Suisse, mais n’ira pas les chercher. La conseillère fédérale Karin Keller Sutter a expliqué sur les ondes de la RTS qu'elle "préférerait que les djihadistes suisses soient jugés sur place".
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"Pour moi, la priorité reste la sécurité de la population et des forces de l'ordre suisses. Est-ce qu'on peut mettre en danger des Suisses pour rapatrier des gens qui sont partis de leur propre gré pour faire la guerre en Syrie et en Irak", se demande-t-elle. Reste la question des enfants. Selon le communiqué du Conseil fédéral du 8 mars: "un rapatriement peut être examiné, dans l'intérêt de l'enfant".
Pour les familles en Suisse, le temps presse. Les conditions sanitaires et la sécurité dans les camps ne cessent de se dégrader. Ema est en contact avec le SPJ (Service de la protection de la jeunesse) qui n’a pas souhaité s’exprimer. Une demande de curatelle a été déposée, premier pas pour rapatrier l’enfant. Le dossier est pourtant en point mort depuis des mois, sa nièce est toujours bloquée dans les camps.
François Ruchti/ebz
L'un des djihadistes les plus recherchés de Suisse en prison
Son nom de guerre, Abu Suleyman al Swissri. Ce Vaudois fait partie des tout premiers Suisses à être partis en Syrie. En 2013, Marc (nom connu de la rédaction) rejoint différentes factions armées en Syrie pour lutter contre l’armée de Bachar al-Assad. Son idéalisme fait place à la haine, il a intégré le groupe Etat islamique plus d’une année après son arrivée en Syrie. Alep, puis Al Bab, puis Raqqa, son parcours est mal connu.
Selon des sources policières, il a eu des responsabilités au sein d’unités de combattants francophones. Par le passé, il a été très lié à Mourad Fares, un recruteur français. Marc est sorti de Baghouz début mars avec sa femme et ses enfants. Il est actuellement retenu prisonnier par les forces kurdes syriennes, séparé de ses enfants.
La France et la Belgique ont déjà rapatrié des enfants
Ces dernières semaines, la France a déjà rapatrié plusieurs enfants en bas âge. Début mars, cinq orphelins ont pu rentrer en France, alors que le pays compte plusieurs centaines d’enfants dans les camps.
En Belgique, une grand-maman, Fatima Lakjaa, a obtenu de la justice le retour de ses petits-enfants et de sa fille. Une décision qui a été cassée en appel fin février. L’Etat belge s’y est opposé pour des raisons de sécurité. Fatima Lakjaa vient de déposer une plainte contre les autorités pour non-assistance à personne en danger. Elle espère ainsi forcer l’Etat belge à rapatrier au moins ses six petits-enfants.