Sollicitée par le Département fédéral des affaires étrangères
(DFAE), la première citoyenne de Suisse s'est dit prête à le faire,
a précisé mercredi à l'AP Erik Reumann, porte-parole du DFAE. La
date et le lieu de la rencontre entre Chiara Simoneschi-Cortesi et
le dalaï-lama n'ont pas encore été fixés.
Lors de sa dernière séance avant la pause estivale, le Conseil
fédéral avait décidé de ne pas envoyer de délégation officielle, a
dit le porte-parole du gouvernement André Simonazzi, confirmant des
informations de la Radio suisse romande. La possibilité d'une
rencontre informelle avec le gouvernement reste toutefois
ouverte.
La venue à Lausanne du chef spirituel du peuple tibétain "tombe
très mal", a déclaré à la Radio Suisse Romande la ministre des
Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey. Il "sera impossible pour
moi et mes collègues" de le rencontrer. Le fait d'être reçu par la
présidente du Conseil national, qui est "la personnalité du point
de vue protocolaire la plus élevée en Suisse, est un traitement
tout à fait honorable, qui respecte la personnalité du dalaï-lama",
a ajouté la conseillère fédérale.
Sacrifié sur l'autel du libre-échange?
Selon les informations de la RSR, cette décision serait liée au
projet d'accord de libre-échange dont Berne et Pékin ont commencé à
discuter au début de cette année. D'autres discusisons sont prévues
cet été, avant le lancement - probablement cet automne - d'une
étude de faisabilité. L'enjeu est de taille, vu l'importance des
échanges commerciaux avec la Chine (voir
ci-contre).
Dans ce contexte, réserver un accueil gouvernemental au dalaï-lama
en Suisse reviendrait à s'exposer aux critiques chinoises, et
peut-être même à des mesures de rétorsion. La RSR a indiqué - de
source anonyme mais très sûre - que des intérêts suisses en Chine
ont été ces derniers temps soumis à des pressions, en prévision
d'une possible rencontre officielle.
La Société pour les peuples menacés (SPM) critique le fait que le
Conseil fédéral renonce à rencontrer le dalaï-lama. Dans une prise
de position publiée mercredi, elle relève que refuser une réception
officielle équivaut à faire des courbettes au régime chinois.
La tradition écornée
La tradition helvétique d'accueillir le dalaï-lama est donc en
train de changer. Le chef spirituel des Tibétains était censé venir
en Suisse en octobre de l'an passé, mais avait dû repousser son
voyage pour raisons de santé.
A l'époque, Pascal Couchepin avait prévu de le rencontrer, en sa
qualité de ministre de la Culture. Et lors de sa dernière visite en
Suisse, en été 2005, il avait été reçu officiellement par le
ministre de l'Intérieur. Agé de 74 ans, le dalaï-lama dispensera
son enseignement les 4 et 5 août prochain à la patinoire de Malley , à Lausanne.
cab avec Alain Arnaud
Déjà 4 rencontres avec des conseillers fédéraux
Le Dalaï-Lama a rencontré quatre conseillers fédéraux ces dernières années.
En 1999, en revanche - année où des activistes tibétains avaient fait peur au président chinois Jian Zemin sur la Place fédérale - il n'y avait pas eu de rencontre.
Un gros partenaire économique
La Chine (avec Hong Kong) est, depuis 2002, le principal partenaire commercial de la Suisse en Asie, devant le Japon.
Les exportations suisses en Chine (essentiellement des machines, des montres, des produits chimiques et pharmaceutiques) sont passées de 415 millions de francs en 1990 à 6,11 milliards en 2008 (+12,8% sur un an).
Quant aux imporations, elles ont atteint 4,99 milliards de francs (+4,4%) l'an dernier.
La balance commerciale s'est donc inscrite à 1,12 milliard de francs (+8,8%). La Suisse est ainsi l'un des rares pays qui affiche une balance commerciale excédentaire dans ses relations avec la Chine, précise le Secrétariat d'Etat à l'économie.