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Calmy-Rey parle secret bancaire et liste grise

Micheline Calmy-Rey.
Calmy-Rey assure que la Suisse va tout faire pour sortir de la liste grise de l'OCDE.
La volonté de la Suisse d'agir dans le domaine du secret bancaire est sincère, souligne Micheline Calmy-Rey dans Le Temps de samedi. Dans la presse alémanique, Hans-Rudolf Merz lance quant à lui un appel à son homologue allemand Peer Steinbrück.

"La Suisse est un Etat sérieux: elle fait ce qu'elle dit",
affirme Micheline-Calmy-Rey dans Le Temps . Elle rappelle que le gouvernement est
déterminé à concrétiser ses décisions, qui mettent fin à la
distinction entre fraude et évasion fiscale.

"Nous n'avons aucun avantage à traîner les pieds car notre
intérêt, c'est d'obtenir les mêmes conditions-cadres pour toutes
les places financières. Nous avons de sérieuses concurrentes",
relève la ministre des Affaires étrangères.



Le fait que la Suisse se retrouve, après le sommet du G20, sur une
liste grise s'explique par le fait qu'elle a pris des engagements,
mais doit encore les mettre en vigueur. Et la renégociation de 74
accords de double imposition prendra un peu de temps, explique
Micheline Calmy-Rey.

Une Suisse sans allié?

Mais "l'énorme surprise vient de la première catégorie, celle
des juridictions jugées coopératives et donc lavées de tout
soupçon. Il est de toute évidence plus facile de s'en prendre à un
petit pays pacifique qu'à une grande puissance", s'insurge la
cheffe de la diplomatie suisse. Et d'ajouter: "Je ne peux
m'empêcher de penser qu'une bonne dose d'arbitraire préside à
l'établissement des listes".



La Suisse n'aurait-elle plus d'amis ni d'alliés? N'étant ni dans
l'UE ni dans une alliance militaire, "nous devons défendre nos
intérêts sans alliés institutionnels". Mais il est faux de dire que
la Suisse n'a pas d'amis, selon Micheline Calmy-Rey. "Des alliances
de circonstance sont possibles lorsque nos intérêts convergent avec
ceux d'autres pays".



Outre la Suisse, le Luxembourg et la Belgique ont regretté que
d'autres territoires pratiquant une fiscalité très avantageuse,
comme certains Etats américains (Delaware) ou ceux chinois de Hong
Kong et Macao aient été épargnés.

Négociations futures

Les Etats-Unis sont en tête de liste pour les négociations. Ils
sont un partenaire important. De plus, "ils peuvent exercer une
forte influence sur nous en portant atteinte à nos intérêts. Enfin,
une plainte civile est ouverte contre UBS aux Etats-Unis", explique
Micheline Calmy-Rey.



Pour l'UE, la ministre des Affaires étrangères souhaite une
meilleure coordination des réponses suisses. Pour le domaine
fiscal, elle laisse entendre que le Conseil fédéral a été saisi de
nouvelles propositions visant à définir et préciser la stratégie et
qu'il devrait prendre des décisions prochainement. Une séance
spéciale est prévue mercredi.



ats/dk/bri

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Merz: "Peer Steinbrück peut me téléphoner"

Si l'Allemagne veut modifier son accord actuel de double imposition avec la Suisse, son ministre des Finances peut téléphoner, a dit Hans-Rudolf Merz dans une interview au Tages-Anzeiger et au Bund.

"Peer Steinbrück peut volontiers m'appeler. Nous avons encore un minimum de dignité dans les tripes", a précisé le ministre suisse des Finances.

Avec l'inscription de la Suisse sur la liste grise, la pression a un peu diminué, relève le président de la Confédération.

La décision de reprendre les normes de l'OCDE était bonne et elle a été prise au bon moment, en même temps que d'autres places financières, selon Hans-Rudolf Merz.

La renégociation de 12 accords de double imposition, comme demandé par l'OCDE, ne doit pas se faire en une année. La Suisse doit négocier et obtenir quelque chose, affirme l'Appenzellois.

L'ambassadeur de Suisse à Washington, Urs Ziswyler, a indiqué à l'émission de la télévision alémanique "10 vor 10" de vendredi soir que les négociations formelles sur un nouvel accord de double imposition avec les Etats-Unis commenceraient fin avril.

De son côté, le ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück, a qualifié samedi de "surprenantes" les critiques exprimées par le Luxembourg, la Suisse ou la Belgique. Le fait de les faire figurer sur de telles listes doit être compris "comme une incitation à ne plus en faire partie", a précisé le ministre.

L'OCDE va renforcer sa surveillance

L'OCDE va mieux surveiller les pays pour qu'ils appliquent ses règles en matière de fiscalité et promet qu'"aucune déclaration ne reste(ra) lettre morte", a déclaré son secrétaire général Angel Gurria au quotidien Le Monde paru samedi.

Ce travail est "assez facile" puisque l'OCDE est alertée dès qu'un pays refuse de coopérer à une enquête fiscale.

L'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a publié jeudi une liste noire de paradis fiscaux comprenant le Costa Rica, la Malaisie et les Philippines et une "liste grise" de 39 pays, incluant la Suisse.

L'Uruguay, qui figurait jeudi sur la liste noire, se trouve sur "liste grise" depuis que le pays s'est engagé à appliquer les normes de l'OCDE.

A.Gurria a "invité la Chine, avec le Brésil, l'Inde, l'Indonésie et l'Afrique du Sud à renforcer ses liens avec l'OCDE, en vue d'une éventuelle adhésion".