Le 29 mars, jour médian de l'enquête, 54% des personnes sondées auraient "certainement" ou "plutôt certainement" voté en faveur de la RFFA, cette réforme qui vise à établir un système d'imposition des sociétés tout en renforçant l'AVS. En revanche, 37% des participants se disent "contre" ou "plutôt contre" le texte.
Le taux d'indécis reste également élevé dans ce premier sondage, puisqu'il s'élève à 9%. Notons toutefois que, parmi ces derniers, 3% penchent plutôt vers le oui, 2% se dirigent vers le non, alors que 4% restent totalement sans avis.
L'enquête montre aussi une différence entre les régions linguistiques, avec un écart de huit points de pourcentage entre la Suisse alémanique (52%) et la Suisse romande (60%). Au Tessin, ce soutien s'élève à 53%.
Opposition des électeurs de l'UDC
Seuls les électeurs de l'UDC voteraient contre la RFFA. Cette courte majorité de 55% reflète la division au sein du parti, qui a laissé la liberté de vote sur cet objet.
A l'inverse, ce sont les sympathisants du PLR et du PDC qui se prononcent le plus nettement en faveur de la réforme, avec 82% et 71% d'avis favorables. Ils respectent ainsi les mots d'ordre de leur parti respectif et, dans le même temps, les positions du Conseil fédéral et du Parlement.
Le sondage relève par ailleurs des disparités dans le camp de gauche. Malgré la recommandation des Verts contre la RFFA, une petite majorité des électeurs écologistes se dit favorable au texte (45% pour, 42% contre). Les socialistes, eux, la soutiennent largement, à 59% contre 34%. Soulignons que l'appui des électeurs du PS est plus net que pour de la réforme de l'imposition des entreprises (RIE III), au même moment de la campagne.
Paquet critiqué
Parmi les arguments en faveur de la RFFA, testés dans le sondage, seule l'amélioration de la sécurité des rentes convainc une majorité des sondés (57%). Mais, parallèlement, 65% des personnes interrogées déplorent le regroupement de deux thèmes (fiscalité des entreprises et AVS) dans un seul paquet.
Le risque de pertes fiscales liées aux statuts spéciaux est également dénoncé par 63% des participants. Quant à l'argument qui avance que la RFFA empêche une véritable réforme de l'AVS, il est soutenu par 61% des voix.
Net oui à la nouvelle loi sur les armes
La nouvelle directive sur les armes bénéficie du soutien des deux tiers des sondés (66%). A l'inverse, 33% prévoient de s'y opposer, alors que seul 1% des personnes interrogées se dit indécis. Contrairement à la RFFA, les différences entre les régions linguistiques sont moins marquées: le soutien s'élève à 69% en Suisse romande, à 65% côté alémanique et à 63% au Tessin.
Les trois arguments en faveur de la nouvelle loi testés dans le sondage sont largement soutenus. Au total, 64% des votants estiment que les nouvelles directives ne changeront rien pour les tireurs, et 59% pensent que la protection des vies humaines est plus importante que la liberté de porter des armes. En outre, 57% considèrent qu'un refus menacerait les accords Schengen/Dublin.
Par ailleurs, aucun des trois arguments des opposants ne récoltent de majorité. La critique du Conseil fédéral, qui aurait cédé au "diktat de l'UE" en reprenant les directives européennes sur les armes, recueille le plus d’approbation (43%), suivie de l'affirmation que ces mesures sont antisuisses (36%). La crainte que le texte constitue un premier pas vers la mise sous tutelle des citoyennes et citoyens récolte 35%.
Unique opposition de l'UDC
Sans surprise, une majorité de l'électorat UDC suit le mot d'ordre du parti et rejette à 74% les nouvelles directives de l'Union européenne sur les armes.
En face, les électeurs de tous les autres partis soutiennent largement cette nouvelle loi. Les plus fervents partisans sont Les Verts (94%), suivis des socialistes (90%) et des Vert'libéraux (88%). Les sympathisants du PDC, du PLR et du PBD disent oui à respectivement 78%, 76% et 68%.
Mathieu Henderson
La méthodologie
Le sondage, mené par téléphone et sur internet, a porté sur un échantillon représentatif du corps électoral suisse de 5924 personnes. L'enquête s'est étendue sur une période de 11 jours, entre le 25 mars et le 4 avril 2019. La marge d'erreur est de +/-2,9 de points de pourcentage.
L'institut gfs.bern précise que cette première enquête donne un état des lieux sept semaines avant les votations fédérales du 19 mai, et qu'il ne s'agit pas d'une prévision.