Trois aéroports romands sont concernés: Sion, Payerne et La Chaux-de-Fonds. Genève est en effet un cas à part en termes de législation, car situé partiellement sur territoire français.
Et cette nouveauté met nombre de pilotes en émoi. Qui pourraient bien ne plus avoir le droit de voler, faute de maîtriser suffisamment la langue des frères Wright.
Excès de zèle
Car pour pratiquer sur ces aéroports qui comprennent des zones de contrôle ou d'approche, ils devront posséder sur leur licence une extension radiotéléphonie en anglais de niveau 4.
Or, nombre de pilotes romands d'avions à moteur, d'hélicoptères ou de planeurs n'ont pas ce niveau et ne l'atteindront peut-être jamais. Le président du Groupement de vol à voile de Sion, Dominique Aymon, évoque un excès de zèle fédéral: "On a l'impression en tout cas d'être complètement dépassés par les fonctionnaires de Berne qui vont au-delà du droit international. C'est même contraire au droit international. Tous les règlements disent que l'anglais doit être utilisé comme seconde langue et que tout le monde doit pouvoir s'exprimer dans la langue nationale, la langue habituellement utilisée au sol."
500 pilotes romands concernés
En Suisse romande, quelque 500 pilotes sont concernés par cette nouveauté. Une situation qui peut confiner à l'absurde sur des aérodromes relativement petits, avec peu de trafic international aux instruments, "ça peut poser plus de problèmes que ça en résout", selon Gaby Rossier, commandant de bord chez Swiss, ancien pilote de chasse et octuple champion suisse de vol à voile.
Mais il sera difficile de faire changer les choses, puisque personne n'a véritablement pris la situation au sérieux jusqu'ici, comme le reconnaît Gaby Rossier: "Pour le moment on essaie de retarder la mise en vigueur de cette nouvelle loi sur l'aviation. Malheureusement, le match est déjà joué, ça va être difficile d'obtenir quelque chose", déplore-t-il.
Néanmoins, deux motions ont été déposée au National pour repousser l'application de la nouvelle loi. Des discussions sont aussi en cours avec l'Office fédéral de l'aviation civile.
Yves Terrani/pym