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Affaire Kadhafi: Laurent Moutinot ne s'excusera pas

Laurent Moutinot ne compte pas non plus sanctionner la police.
Laurent Moutinot ne compte pas non plus sanctionner la police.
Violemment pris à partie dans la presse, le conseiller d'Etat genevois Laurent Moutinot sort de sa réserve. Il situe l'arrestation d'Hannibal Kadhafi dans le cadre de la lutte contre les violences domestiques. Il ne veut ni s'excuser ni sanctionner des collaborateurs innocents.

"L'une des raisons pour lesquelles la lutte contre les violences
domestiques a, autrefois, trop souvent été négligée tient
précisément dans le fait que les auteurs sont puissants et les
victimes faibles; l'Etat se doit de rétablir l'équilibre pour
éviter une justice à deux vitesses", a plaidé le chef du
Département genevois des institutions dans une prise de position
publiée mercredi.

Des excuses seraient sans effet

Il estime qu'il n'a pas à présenter des excuses car elles ne
sauraient avoir "le moindre effet" après celles du président de la
Confédération qui n'ont pas permis de dénouer la crise. Laurent
Moutinot refuse également de sanctionner les policiers qui ont
rempli leurs devoirs: "l'idée de devoir punir des innocents, même
au nom de la raison d'Etat, m'est insupportable".



Laurent Moutinot juge par ailleurs inadmissible la publication des
photos d'identité judiciaire d'Hannibal Kadhafi par la presse. "Les
investigations, dans le cadre de la procédure pénale ouverte de ce
chef, sont menées avec énergie pour trouver l'auteur de la fuite et
le punir comme il le mérite", a-t-il souligné. Il considère que
l'usage fait de ces photos par divers journaux "ne contribue pas à
la résolution de la crise et m'incite derechef à la plus grande
discrétion dans mes propos".

Inquiet pour les otages

Il rappelle aussi qu'il n'a pas "à prendre des initiatives en
matière de politique étrangère, au risque d'ajouter encore à la
confusion" et "déplore que certains cherchent par tous les moyens à
envenimer la situation sur le plan intérieur suisse avec comme
conséquence dramatique de retarder le retour de nos compatriotes
retenus en Libye".



Le conseiller d'Etat se taisait depuis plusieurs semaines en
accord avec le choix des autorités fédérales et de la Conférence
des gouvernements cantonaux visant à "éviter que des déclarations
maladroites ou mal interprétées n'enveniment la situation". Il
affirme avoir "la plus grande compassion pour les otages et leur
famille" et soutient la "ligne de fermeté" adoptée aujourd'hui par
le Conseil fédéral. Laurent Moutinot entend continuer à
"s'astreindre à la plus grande retenue".



ap/hof

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Rappel des faits

La crise entre la Libye et la Suisse a éclaté après l'arrestation le 15 juillet 2008 dans un palace genevois d'Hannibal Kadhafi l'un des fils de Mouammar Kadhafi - et de son épouse Aline, qui était alors enceinte.

Le couple, accusé par ses domestiques de maltraitance, a été libéré deux jours plus tard contre le versement d'une caution d'un demi-million de francs.

La procédure pénale contre Hannibal Kadhafi a été classée en septembre 2008, suite au retrait des plaintes.