Si des crises du sel se sont déjà produites en Suisse, c'est la
première fois qu'une pénurie se produit depuis l'inauguration en
2005 de la nouvelle halle de stockage des salines du Rhin.
Carambolages en cascade
Sur les routes, rien que mercredi dernier, plus de 200
carambolages ont été enregistrés durant la matinée sur le bitume
helvétique.
Interrogées, les polices de plusieurs cantons se sont bien gardées
de mettre ce nombre élevé d'incidents sur le compte d'un entretien
des routes restreint. Les forces de l'ordre ont préféré avancer la
thèse d'une mauvaise adaptation de la conduite aux conditions
hivernales.
Reste qu'au vu de l'épaisseur du manteau blanc garnissant les
chaussées, un entretien conséquent est indispensable. Depuis des
semaines, la neige est déblayée sur les petites routes des cantons
et communes. Lorsque les températures chutent encore, des mesures
supplémentaires sont nécessaires car une couche de glace vive se
forme sur le bitume. C'est là que devrait intervenir le
salage.
Or, une fois que les autoroutes, les routes principales et les
axes urbains importants ont été couverts de cristaux, il ne reste
presque plus rien pour les routes secondaires.
Les cantons "font avec"
Depuis octobre, les salines du Rhin ont livré quelque 185'000
tonnes de sel de déneigement. Les stocks restants se montent à 5000
tonnes au maximum, a indiqué vendredi Armin Roos, responsable du
marketing. En temps normal, jusqu'à 7000 tonnes de sel quittent
l'usine chaque jour. Actuellement, ces quantités atteignent à peine
700 tonnes, selon Armin Roos. Et de souligner qu'il n'est pas
possible, pour pallier le manque, de faire son marché à l'étranger:
toute l'Europe est assoiffée de sel.
Même son de cloche du côté de la saline de Bex (VD), où la réserve
de 10'000 tonnes engrangée au début de l'hiver a déjà fondu. Son
seul canton client, Vaud, s'est dès lors résolu à restreindre son
service d'hiver sur les routes. Les autres cantons ont dû, eux
aussi, "faire avec" la pénurie, a conclu Armin Roos.
ats/cer
Le mélange sucré-salé, une solution à l'étude
Des équipes d'entretien testent un mélange sucré-salé pour déneiger une autoroute du centre de la Suisse, une solution plus coûteuse mais aussi plus écologique que le salage, a-t-on appris vendredi auprès de l'Office fédéral des routes.
"On sait que le sel a certains avantages mais aussi des inconvénients, notamment écologiques", a indiqué une porte-parole de l'Office fédéral des routes.
Le service d'entretien des routes de Spiez, dans le canton de Berne, déverse depuis deux hivers, sur un tronçon d'autoroute d'une dizaine de kilomètres, un mélange liquide à base d'un dérivé du processus de production du sucre auquel est ajouté du sel. Le liquide est répandu, comme lors du salage des routes avec de la saumure, en fines gouttelettes sur la surface à fondre, de la glace ou de la neige.
"Apparemment cela donne des résultats", a poursuivi la porte-parole, tout en précisant que les conclusions du test n'étaient pas attendues avant l'été. "Ce mélange est moins corrosif que le sel. On sait aussi que le sel qu'on utilise s'infiltre dans les nappes phréatiques et peut avoir quelques inconvénients écologiques que ce substitut de sucre évite", a-t-elle ajouté.
L'utilisation à grande échelle de ce mélange sucré, le safecote, commercialisé en Europe par une entreprise britannique, n'est toutefois pas prévisible avant plusieurs années.
Son "principal inconvénient", selon la porte-parole, est qu'il est plus cher que le sel, produit qui par ailleurs "a davantage fait ses preuves" pour déneiger les autoroutes, a-t-elle estimé. Le sel "est facile à stocker et à transporter" depuis les deux salines que compte la Suisse, a ainsi observé la porte-parole.