En mars, le radical avait douché les espoirs des partisans des
médecines alternatives. Il avait affirmé qu'il ne pensait pas que
les thérapies retirées en 2005 du catalogue des prestations
remboursées par l'assurance maladie de base seraient réintroduites,
même si l'article constitutionnel était accepté.
Jeudi, le conseiller fédéral a répété devant la presse "être
convaincu que les médecines complémentaires appartiennent aux
assurances complémentaires". Il n'exclut pas que l'homéopathie, la
thérapie neurale, la phytothérapie, la médecine anthroposophique et
la médecine traditionnelle chinoise soient un jour réintégrées dans
le catalogue.
Des critères qui ne sont pas prêts de changer
Mais comme Saint-Thomas, Pascal
Couchepin ne croit que ce qu'il voit. "Une méthode alternative ne
devient pas forcément scientifique en 20 ans". En attendant un
changement de loi, le ministre de la santé continuera de se baser
sur les travaux des experts et sur les critères actuels pour
inscrire une thérapie dans le catalogue, à savoir l'efficacité,
l'adéquation et l'économicité.
Libre aux partisans des médecines alternatives de s'y conformer et
de déposer de nouvelles demandes de reconnaissance. Toutes les
thérapies exclues en 2005, à l'exception de la thérapie neurale,
ont déjà franchi le pas. Pour l'instant, ces requêtes en sont au
stade préliminaire.
L'Office fédéral de la santé publique est en train d'étudier quels
documents doivent être fournis. Pas question pour le radical
valaisan de fixer des délais pour la suite des travaux. "Il faut
être prudent et laisser les experts travailler à leur rythme".
La balle renvoyée au Parlement
Devant l'ampleur du "oui" qui se profile le 17 mai, Pascal
Couchepin attend beaucoup des Chambres fédérales. "Le Conseil
fédéral fera une analyse du vote", a-t-il promis. Mais il est
délicat d'interpréter la volonté populaire, qui n'est pas forcément
celle d'un "groupe militant".
Et de souligner que "c'est le Parlement qui fait les lois" et que
c'est "le meilleur endroit" pour identifier les différentes
opinions sur un sujet. Car, a rappelé le conseiller fédéral,
l'article constitutionnel adopté par les Chambres à titre de contre
projet à l'initiative populaire, entretemps retirée, "Oui aux
médecines complémentaires" est formulé de façon très ouverte.
Le texte "n'indique pas comment ni dans quelle ampleur" les
thérapies alternatives doivent être prises en compte. Il revient
aux différentes autorités compétentes de décider quelles mesures
prendre. Ainsi tout ce qui relève du cursus académique relève des
cantons.
ats/jeh
Contraint et forcé
Le Conseil fédéral est tenu d'appeler à glisser un "oui" dans l'urne le 17 mai.
La loi le contraint en effet à défendre la même position que le Parlement.
Pascal Couchepin n'a toutefois pas omis de rappeler la ferme opposition à cet article qu'il avait exprimée lors des débats aux Chambres.
Le gouvernement ne jugeait pas nécessaire d'inscrire les médecines complémentaires dans une norme constitutionnelle, d'autant plus ce n'est pas le cas pour la médecine scientifique.
Et, à la veille d'une explosion des primes, "tout ce qui ajoute des coûts supplémentaires est vu avec scepticisme par le Conseil fédéral".
Le ministre de la santé a d'ailleurs remis en cause les coûts des cinq disciplines rayées du catalogue.
Une somme de 25 millions de francs a longtemps été évoquée. Mais il s'agit d'un montant "datant de 2004 et largement sous-estimé", selon Pascal Couchepin.
Certaines prestations n'étaient probablement pas facturées. Selon lui, une somme de 80 à 100 millions serait plus proche de la réalité.