D'après le sondage paru dans "Le Matin Dimanche" et le "SonntagsBlick", les Suisses
envisagent à nouveau l'idée de primes maladie calculées en fonction
du revenu. Quelque 56% d'entre eux acceptent cette idée, contre 43%
qui la refusent et 1% d'indécis.
Pour les deux journaux, ce résultat est surprenant, car le peuple
a récemment rejeté à plus de 70% deux initiatives de la gauche
demandant un passage à ce système, la première fois en 2003 et la
seconde en 2007.
Les petits revenus sont évidemment davantage intéressés par cette
mesure (à 62%) que la classe moyenne supérieure (48%). Du côté des
partis, les sondés socialistes sont majoritairement favorables à
cette mesure, alors que ceux de droite sont plus frileux.
Les partis dubitatifs
Toutefois, il ne faut pas aller trop vite.
Même les instances dirigeantes du PS demeurent hésitantes:
interrogé par "Le Matin Dimanche", le vice-président du parti
Stéphane Rossini juge qu'une nouvelle initiative est prématurée.
Les socialistes préfèrent envisager une mesure plus novatrice
(voir ci-contre)
.
A droite, le président du PDC Christophe Darbellay s'oppose à
l'idée de "transformer les primes en un nouvel impôt". Selon lui un
tel système "finirait de déresponsabiliser les gens et de faire de
la santé un self-service". Il existe déjà des subventions
importantes pour les bas revenus, conclut le Valaisan.
Taxe de consultation rejetée
Dans le sondage, les Helvètes sont aussi questionnés sur
d'autres mesures visant à réduire les coûts de la santé dont on a
parlé ces dernières semaines. Mais là, les sondés s'opposent
clairement. En premier lieu, à l'idée, évoquée parfois par les
assureurs et par certains politiciens, de faire payer un supplément
de prime maladie mensuel de 50 francs aux plus de 55 ans. Non,
clament 88% des sondés à cette mesure visant ceux qui coûtent le
plus cher aux assurances.
Autre mesure, autre rejet en ce qui concerne la taxe consultative
de 30 francs pour chaque première visite chez les médecins, les
accidents exceptés. L'idée soulevée par l'Office fédéral de la
santé publique cette semaine est balayée par 62% des Suisses.
Toutefois, cette piste trouve un écho plus fort auprès du PLR (54%
de oui) et du PDC (47%). L'UDC et le PS disent clairement
non.
Frédéric Boillat
Supprimer la franchise pour les riches?
En réponse à ce sondage, le vice-président du PS Stéphane Rossini propose une nouvelle mesure choc pour baisser les coûts de la santé.
Le Valaisan dévoile le projet du parti à ce sujet: mettre fin aux franchises élevées "qui profitent d'abord aux riches", en premier lieu celles qui dépassent les 1000 francs. Et ce dès 2010, ajoute-t-il.
Le PS déposera un projet en ce sens au Parlement ce mois encore.
Les franchises les plus élevées occasionnent des réductions de primes évaluées à 2 milliards de francs, argumente Stéphane Rossini.
"Avec l'argent récupéré, on pourra rendre gratuites les primes pour les enfants ou subventionner davantage les revenus inférieurs", conclut-il.
Pour mémoire, 11% des Suisses choisissent les franchises les plus élevées (2000 et 2500 francs), afin d'obtenir des rabais allant jusqu'à 50%. Et une grande partie de ces assurés sont des hauts revenus.