Daniel Baumgartner va continuer à percevoir un salaire de plus de 300'000 francs par année, révèle lundi le Tages-Anzeiger. C'est nettement plus que son prédécesseur qui gagnait 15'000 francs par mois, soit moins de 200'000 francs par an. Comment est-ce possible?
L'Ordonnance sur le personnel de la Confédération prévoit que le salaire est maintenu pendant 4 ans, même si l'employé occupe des fonctions moins rémunérées. Dans ce cas, Daniel Baumgartner, 57 ans, est rétrogradé de 7 classes de salaires en passant de chef du commandement de l'instruction à attaché de défense, mais il conserve malgré tout son salaire, en plus de nouveaux privilèges liés au fait d'être rattaché à une mission diplomatique.
Selon le quotidien alémanique, il gagnera environ 50'000 francs de plus que l'ambassadeur aux Etats-Unis Jacques Pitteloud, son futur chef.
Son répondant en Suisse, un brigadier, sera par ailleurs moins gradé que lui.
Scandale des notes de frais
Le nom de Daniel Baumgartner avait été associé en fin d'année dernière au scandale des notes de frais de l'armée. Une enquête du quotidien La Liberté avait pointé du doigt des "cadeaux en métal précieux et des rassemblements très coûteux".
Une enquête disciplinaire avait alors été demandée par le ministre de la Défense de l'époque Guy Parmelin. Elle avait débouché sur un simple "entretien de conduite" entre les deux hommes.
Il y a 10 jours, dans le sillage du départ du chef de l'armée Philippe Rebord, Daniel Baumgartner avait annoncé son souhait de changer de fonction "pour des raisons personnelles". La conseillère fédérale en charge de la Défense Viola Amherd n'avait pas souhaité en dire davantage, mais sa nomination à Washington a été annoncée la semaine dernière.
A noter que le principal intéressé, en vacances à l'étranger, n'était pas joignable.
Un attaché militaire de luxe?
Le salaire de Daniel Baumgartner ne pose pas de problème à son futur chef, l'ambassadeur Jacques Pitteloud. "Ce n'est pas un problème qu'un subalterne soit mieux payé que moi," a-t-il confié à la RTS.
Selon une source militaire, le poste de Washington est l'un des plus importants et ce peut même être un atout d'avoir un officier avec le plus haut grade. "Cela peut ouvrir des portes".
Un conseiller national PLR se montre pour sa part plus critique: "Je n'ai jamais vraiment compris ce qu'il faisait et je ne pense pas que leur agenda soit surchargé."
Laurent Wehrli, autre élu libéral-radical, nuance: "C'est un poste important, utile notamment pour le réseautage."
Marie Giovanola/lan
Le rôle d'un attaché de défense
Actuellement, la Suisse dispose de 17 postes d’attachés de défense partout dans le monde : Abou Dhabi, Ankara, Berlin, Moscou, ou encore Paris.
Sa mission officielle est d'informer les autorités du pays dans lequel il est basé sur des questions liées à la politique de sécurité suisse et ses forces armées.
A l'origine, il avait une mission "d'espion officiel" qui s'est transformée en officier de liaison.
En 2006, la commission de gestion du Conseil national avait vertement critiqué le rôle des attachés militaires, qualifiés parfois d'inutiles. Le rapport de l'époque évoquait un système "lourd et confus" et précisait que "de militaire camouflé dans un costume de diplomate" la fonction était désormais celle "d'un diplomate en uniforme militaire".