L'administration Obama s'oppose au langage utilisé dans le
projet de déclaration finale, estimant que ses préoccupations sur
des partis pris anti-Israël et anti-Occident ne sont pas prises en
compte, a expliqué Robert Wood, porte-parole du département
d'Etat.
La conférence, déjà boycottée par Israël et le Canada, a pour but
de mesurer les progrès accomplis en matière de lutte contre le
racisme depuis la première réunion de ce type il y a huit ans en
Afrique du Sud.
Israël au centre du différend
Les pays occidentaux et musulmans
n'étaient toujours pas parvenus à se mettre d'accord vendredi sur
la formulation à adopter. Les premiers reprochent aux seconds de
vouloir stigmatiser Israël et de tenter d'imposer un concept de
«diffamation de religion» qui remettrait en cause la liberté
d'expression. Pour de nombreux pays occidentaux, une interdiction
de critiquer l'islam limiterait la liberté d'expression.
La première conférence de Durban, qui s'était achevée quatre jours
avant le 11 septembre 2001, avait été le théâtre de controverses du
même type. Les Etats-Unis et Israël avaient claqué la porte avant
la fin, furieux d'un avant-projet de déclaration qui critiquait
l'Etat hébreu et assimilait le sionisme à du racisme. Ces deux
éléments ne figuraient pas dans le communiqué final, qui s'était
contenté d'évoquer la «détresse des Palestiniens» et le droit
d'Israël à la sécurité.
La Suisse répond présent
La Suisse a elle décidé de participer à la conférence de l'ONU.
Le projet de document final adopté vendredi respecte les lignes
fixées par le Conseil fédéral, a indiqué samedi le Département
fédéral des affaires étrangères. La composition de la délégation
sera annoncée ultérieurement, a précisé le DFAE.
Vendredi, un porte-parole du département dirigé par Micheline
Calmy-Rey avait affirmé que la Suisse attendait de voir si le
projet de compromis dépassait ou non les lignes rouges fixées par
le Conseil fédéral.
Comme condition de sa participation, la Suisse avait exigé que le
projet de document soumis à la conférence ne stigmatise pas un pays
(Israël) en particulier, ne propose pas de nouvelles obligations et
garantisse la liberté d'expression (pas de mention de la
diffamation des religions).
Les Européens hésitent
Des consultations se poursuivaient ce
week-end entre Européens sur une décision de participation à la
Conférence sur le racisme, a-t-on indiqué samedi au ministère
français des Affaires étrangères. Au lendemain d'un accord à Genève
sur un projet de déclaration finale, une conférence téléphonique a
réuni les chefs de la diplomatie français, allemand, britannique,
néerlandais et tchèque, a-t-on précisé de même source. Un nouvel
entretien est prévu dimanche, selon un diplomate français.
Vendredi, le Français Bernard Kouchner a envoyé une lettre à ses
homologues européens pour tenter d'unifier la position européenne
sur cette participation. Plusieurs capitales européennes craignent
des dérapages liées à la présence annoncée au siège des Nations
unies de Genève du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, en
campagne électorale dans son pays.
Les options sont un boycottage, une participation politique ou
juste diplomatique, ou une présence comme simple observateur. Le 6
mars, l'Italie, opposée au projet de déclaration d'alors, avait
annoncé son retrait.
agences/sbo
Manif à Genève contre le racisme en Suisse
Entre 600 et 700 personnes ont défilé dans le calme contre le racisme et la xénophobie, samedi après-midi à Genève. La manifestation était organisée en lien avec la conférence de l'ONU.
Lors d'un premier rassemblement qui a eu lieu à la Place Neuve, les organisateurs - parmi lesquels ACOR/SOS Racisme, la Ligue des musulmans de Suisse, les syndicats et les partis de la gauche genevoise - ont dénoncé les «dérives racistes et xénophobes qui se sont renforcées ces dernières années en Suisse aussi».
L'UDC a été particulièrement montrée du doigt: elle a été accusée d'alimenter la haine et la suspicion, par la multiplication d'images «de doigts crochus, de moutons noirs et de charognards» et d'expressions telles que «étrangers abuseurs», «faux réfugiés» et «dangereux musulmans».
Le Conseil fédéral, quant à lui, a été critiqué pour le durcissement des lois sur les étrangers et sur l'asile, tandis que la majorité du Parlement, en refusant d'invalider l'initiative anti minarets, «ouvre la voie à une campagne émotionnelle qui va déchaîner un climat d'intolérance».
L'ancien rapporteur des Nations unies pour le racisme, Doudou Diène, a constaté pour sa part que «tous les racismes montent actuellement en flèche dans le monde entier», y compris l'antisémitisme.
Merz et Moutinot accueilleront Ahmadinejad
Laurent Moutinot juge déplacée la polémique autour de sa poignée de main au président iranien. Mahmoud Ahmadinejad sera accueilli à sa descente d'avion dimanche par un représentant du Conseil d'Etat, un geste qui fait grincer des dents ceux qui jugent le représentant de la République islamique d'Iran infréquentable.
Dans une interview parue samedi dans la «Tribune de Genève» et «24 Heures», Laurent Moutinot précise qu'il s'agit d'une «tradition protocolaire qui reste la même, que l'hôte soit président des Etats-Unis ou d'un archipel polynésien», a-t-il rappelé.
Depuis au moins 60 ans, un membre du gouvernement cantonal se déplace chaque fois pour accueillir un chef d'Etat de passage à Genève.
Le président de la Confédération Hans Rudolf Merz rencontrera lui son homologue iranien dimanche soir, après son arrivée à l'aéroport de Genève, qui est prévue vers 17h.
"Il s'agira d'une réunion de travail", a précisé vendredi la porte-parole du président. Un communiqué sur le contenu des entretiens sera publié à l'issue de la rencontre