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Médecines alternatives: les rares opposants au front

De gauche à droite: Ruth Humbel, Toni Bortoluzzi et Felix Gutzwiller.
De gauche à droite: Ruth Humbel, Toni Bortoluzzi et Felix Gutzwiller.
Les opposants à l'article constitutionnel pour la prise en compte des médecines complémentaires montent au créneau. A défaut de comité d'opposition, trois parlementaires fédéraux se sont lancés seuls dans la bataille pour un «non» lors de la votation du 17 mai.

La fronde est menée par le conseiller aux Etats Felix Gutzwiller
(PLR/ZH) ainsi que les conseillers nationaux Toni Bortoluzzi
(UDC/ZH) et Ruth Humbel (PDC/AG). «Si on s'était donné la peine
d'écrire des lettres, on aurait certainement trouvé 30 à 40 autres
opposants prêts à former un comité», a estimé Toni Bortoluzzi,
mardi lors d'une conférence de presse à Berne.

Le but du trio, qui regrette que même les assureurs maladie
n'aient pas pris la peine de financer une campagne (lire ci-contre
la position de Santésuisse), est de susciter la discussion. «Il y a
un certain opportunisme, on ne peut pas se montrer opposé à quelque
chose qui est populaire dans le corps électoral», a lancé Felix
Gutzwiller.

Efficacité du traitement primordiale

Pourtant, lorsqu'il s'agira de concrétiser l'article
constitutionnel dans la loi, nombre de partisans risquent de
changer de camp, d'après lui. La preuve de l'efficacité d'un
traitement doit rester le critère central pour sa prise en charge
par l'assurance de base. Or, aux yeux de Felix Gutzwiller, nombre
de méthodes complémentaires ne répondent à ce critère.



«Comme la plupart des gens, il m'arrive de prendre des médicaments
alternatifs», a affirmé Ruth Humbel. Mais cela ne veut pas dire
pour autant que ces prestations doivent être obligatoiremenet
remboursées par les caisses maladie, à l'heure où l'on cherche à
endiguer l'explosion des coûts de la santé.



Toni Bortoluzzi a dépeint un scénario catastrophe en matière de
dépenses pour l'assurance de base en cas d'acceptation de
l'article. A terme, la facture risque d'atteindre le demi-milliard
de francs pour les assurés et les contribuables, a-t-il averti. Les
partisans du projet avancent des coûts moindres, se basant
notamment sur les données de 2004, dernière année de prise en
charge provisoire de cinq médecines alternatives par l'assurance de
base. Les frais avaient alors atteint 25 millions de francs.



ats/ps

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Pourquoi Santésuisse a opté pour la liberté de vote

Santésuisse pourrait vivre avec l'ancrage des médecines complémentaires dans la constitution. Selon le directeur de l'organisation faîtière des caisses maladie Stefan Kaufmann, c'est la mise en oeuvre de cet article, en cas de oui le 17 mai, qui sera déterminante.

La popularité des médecines complémentaires auprès de la population a «joué un rôle» dans la liberté de vote accordée par Santésuisse, explique mardi Stefan Kaufmann dans une interview accordée au Tages-Anzeiger.

«Nous reconnaissons qu'il existe une certaine méfiance à l'égard de la médecine classique et une demande d'alternatives tenant mieux compte des facteurs non scientifiques de maladies complexes», précise le directeur.

En outre, les avis des assureurs divergent. Certains soutenaient même l'initiative initiale qui réclamaient une prise en charge complète des assurances complémentaires. Tous ont néanmoins reconnu que la question de l'application serait déterminante.

La liberté de vote ne constitue donc pas une volte-face de Santésuisse, assure Stefan Kaufmann, «même si l'on doit se demander si cet article est réellement nécessaire».