Pour le professionnel du recrutement, il existe une exception suisse, qui s'explique en grande partie par la quasi non-existence du congé paternité: "Aujourd'hui, les mères bénéficient d'un congé maternité et les hommes non. Dans d'autres pays, on parle même de congé parental, où finalement les parents décident des jours de congé qui sont octroyés, non pas individuellement mais au niveau du couple."
"Si aujourd'hui le rattrapage est en cours, il faut rappeler qu'historiquement, les hommes en Suisse consacraient souvent le temps non professionnel à du service militaire, qui était souvent très long. Les conséquences continuent à se voir aujourd'hui. Les signes politiques que l'on donne, c'est que la mère prend un congé alors que le père n'a le droit qu'à un jour, un usage qui n'est d'ailleurs pas inscrit dans la loi", poursuit-il.
Le frein du temps partiel
Pour Robin Gordon, ce modèle sociétal représente également un véritable frein dans la carrière des femmes: "C'est un modèle qui n'est pas évident pour les femmes qui souhaitent faire carrière puisqu'on peut d'office lier le temps partiel à un frein clair (...) aujourd'hui en Suisse, on a encore de la peine à imaginer être cadre à temps partiel."
Le directeur d'Interiman estime que le modèle n'est "pas sain", du moins plus aujourd'hui, car "les jeunes générations veulent concilier le travail, les loisirs et la famille d'une manière différente".
Et de rappeler que malgré une "volonté réelle du Conseil fédéral", le retard reste conséquent "par rapport à d'autres pays européens".
Propos recueillis par Valérie Hauert
Adaptation web: Tristan Hertig
Certaines entreprises plus ouvertes
Pour Robin Gordon, certaines entreprises comme Novartis ont pris des initiatives qui permettent un meilleur équilibre entre les femmes et les hommes et la conciliation de leur vie privée et professionnelle: "Novartis a décrété deux mois de congé paternité."
Mais pour lui, il est difficile d'imaginer ce genre de décisions en dehors des grands groupes: "Les grandes entreprises peuvent se le permettre mais on est encore en Suisse dans un tissu de PME et c'est beaucoup plus difficile d'un point de vue financier d'envisager de telles mesures."