Le rapport «Enfance et jeunesse en Suisse» présenté mardi à Berne par le Fonds
national (FNS). se base sur des entretiens réalisés auprès de 3000
enfants, adolescents et jeunes adultes dans le cadre du Programme national de recherche PNR 52 .
Pour la première fois en Suisse, des enfants de six ans ont été
directement interrogés par des spécialistes, à leur domicile.
L'interprétation de ces données et de celles récoltées auprès des
parents et des enseignants en charge de ces enfants met en lumière
une très forte inégalité des chances, largement conditionnée par
l'origine sociale, le niveau de formation et la situation
professionnelle des parents.
Cercle vicieux à briser
«C'est un véritable cercle vicieux des inégalités, qui se
perpétuent de génération en génération», indique Franz Schultheis,
l'un des auteurs du rapport. Ces disparités vont bien au-delà du
simple confort financier: «Le lien social est moins fort dans les
familles défavorisées, le capital culturel transmis moins étoffé,
le rapport au corps moins soigné».
Et les conséquences se font sentir dans tous les domaines: les
notes seront moins bonnes à l'école, le futur adolescent aura plus
de difficultés à trouver une place d'apprentissage, la santé de
l'enfant sera plus fragile car moins soignée. «On a même mis en
évidence un lien entre le nombre de caries et le revenu des
parents», poursuit Franz Schultheis.
Autre constatation des chercheurs: les enfants et les adolescents
issus de la migration ont nettement moins de chance de réussite que
les jeunes Suisses. Les étrangers cumulent en effet souvent les
désavantages sociaux: faible niveau de formation des parents, bas
revenus, habitat précaire.
Réponse politique
Franz Schultheis l'a souligné: la réponse à ces inégalités ne
peut être que politique. «La société a une responsabilité
collective vis-à-vis des enfants car ces derniers représentent son
avenir. Ca n'est pas qu'une affaire de famille», estime le
chercheur.
Les auteurs du rapport ont lancé quelques pistes de réflexion pour
atténuer les inégalités: sélection scolaire plus tardive ou
assouplissement du passage de l'école à l'apprentissage en font
partie. «Mais surtout, il faut améliorer les structures d'accueil
de la petite enfance, dont les horaires sont mal adaptés aux mamans
qui travaillent, et qui sont trop chères pour les familles
modestes», selon Franz Schultheis.
Lancé en 2003 sur mandat du Conseil fédéral, le Programme national
de recherche PNR 52 a réuni 29 projets consacrés à l'enfance, à la
jeunesse et aux relations entre générations. Le budget global à
disposition des chercheurs était de 12 millions de francs.
ats/cab
Le PDC veut mieux protéger les jeunes
Le Parti démocrate-chrétien a présenté mardi son programme sur la protection de la jeunesse axé sur les nouveaux médias, en consultation auprès des sections cantonales du parti jusqu'à fin octobre.
Les mesures proposées figurent pour la plupart dans des interventions parlementaires déjà déposées.
DVD, jeux électroniques et services MMS devraient être munis d'un logo sur leur contenu et l'âge minimum requis pour leur visionnement, souhaite le PDC.
Les démocrates-chrétiens veulent aussi durcir le droit. Le système européen de classification des jeux violents PEGI devrait être ancré dans la loi pour assurer que leur remise à des enfants soit punie.
Les mesures à l'étude contre la cyberpornographie (responsabilité des prestataires, surveillance policière, filtres) devraient être étendues aux représentations de violence sur les téléphones mobiles et Internet.
Le parti réclame en outre un rapport sur le harcèlement via la Toile ainsi qu'un paquet de mesures contre le détournement des «chatrooms» à des fins d'agression sexuelle sur des mineurs.
Parallèlement, le PDC entend miser sur la prévention. Les plans d'études cantonaux devraient obligatoirement intégrer une éducation aux médias comme c'est prévu en Suisse romande.