Selon Public Eye, "les indices sont suffisants pour justifier l’ouverture d’une enquête pénale en Suisse", afin de déterminer si la maison mère zurichoise a correctement surveillé sa filiale britannique.
Trois ex-employés de celle-ci ont en effet été inculpés début janvier aux États-Unis pour corruption, blanchiment d’argent et fraude de valeurs mobilières dans le cadre d'un énorme scandale de corruption qui touche le Mozambique depuis 2016. Jusqu'à aujourd'hui, le Ministère public de la Confédération (MPC) n'a pas ouvert de procédure pénale sur cette affaire.
2,2 milliards en partie détournés
"L'acte d'accusation américain et d'autres documents font état de nombreux éléments qui auraient dû alerter Zurich. Le MPC doit déterminer si Credit Suisse a rempli ses obligations de surveillance de sa filiale et de prévention de comportements illégaux", a déclaré l'expert en matières premières et finance de Public Eye David Mühlemann dans les colonnes du Matin Dimanche.
Ce scandale porte sur des prêts de 2,2 milliards de dollars octroyés au Mozambique entre 2013 et 2014 pour l'achat, notamment, de navires patrouilleurs militaires et d'une flotte de thoniers de haute mer. La moitié de ce montant, qui n'a été déclaré ni au Parlement mozambicain ni au Fonds monétaire international, aurait été apporté par la filiale britannique de Credit Suisse.
Or, une partie de ce montant aurait été détourné au moyen de montages financiers dans lesquels seraient impliqués trois ex-employés de la banque d'affaires Credit Suisse international.
Credit Suisse conteste
Le numéro 2 bancaire helvétique, de son côté, conteste toute responsabilité dans ce scandale et affirmait récemment dans la SonntagsZeitung "respecter les lois et règlements" des pays dans lesquels il travaille. Selon la banque, ses anciens collaborateurs de Londres auraient agi seuls, en contournant les mécanismes de contrôle internes.
vic