Modifié

Jura: "il faut une nouvelle votation populaire"

Trente-cinq ans après les premières luttes, l'avenir du Jura passionne toujours.
Trente-cinq ans après les premières luttes, l'avenir du Jura passionne toujours.
Une nouvelle votation populaire sur la "Question jurassienne" s'avère utile et nécessaire, a estimé jeudi le Gouvernement jurassien. Il fait à présent le pari que l'avenir de la région intéresse un nouveau public dans le Jura et le Jura bernois, 35 ans après les premiers plébiscites.

La perspective de ce vote figure dans le rapport du Gouvernement
jurassien sur l'unité du Jura dévoilé jeudi et consacré au rapport
de l'Assemblée interjurassienne (AIJ). Une AIJ qui estime qu'il
incombe aux populations de choisir leur avenir: un nouveau canton
ou le statu quo, l'amélioration de la situation du Jura
bernois.



"Une nouvelle appropriation de la "Question jurassienne" par les
populations est aujourd'hui nécessaire", relève le rapport annuel
sur l'unité du Jura. Il s'agit de s'adresser aux générations qui
n'ont pas vécu les plébiscites des années 1970 qui ont mené à la
création du canton mais aussi à la division de la région. Les
autorités jurassiennes n'ont jamais caché leur volonté de
reconstituer l'unité du Jura, à leurs yeux la seule solution pour
résoudre la "Question jurassienne".

Les acquis en question

Le gouvernement est conscient que la mise en place d'une
nouvelle entité ne va pas de soi. Ce projet remet en cause les
acquis du Jura comme du Jura bernois. Un scrutin sur l'appartenance
cantonale ne va pas s'accompagner de violences comme ce fut le cas
dans les années 70, estime le canton du Jura, qui répond ainsi à
ceux qui dans le Jura bernois redoutent qu'un nouveau scrutin
ravive les tensions.



"On peut constater avec satisfaction que ces craintes sont
infondées", souligne le rapport, qui relève que le climat est
propice à un dialogue serein. Désormais, la balle est dans le camp
des gouvernements jurassien et bernois qui doivent se concerter
d'ici à novembre sur la suite à donner au rapport de l'AIJ.

Ils devront d'abord se prononcer sur
la demande de l'AIJ d'organiser des séances d'information
interactives pour présenter son rapport à la population. Le
Gouvernement jurassien y est favorable mais il souhaite que la
durée de cette phase d'information, fixée à 18 mois par l'AIJ, soit
revue à la baisse. Pour le Jura, la phase d'information n'a de sens
que si elle s'inscrit dans la perspective d'une votation.



La présidente de la délégation gouvernementale aux affaires
jurassiennes, la ministre Elisabeth Baune-Schneider, n'a pas voulu
se prononcer sur un éventuel calendrier. Le gouvernement souhaite
seulement que les choses avancent. Le canton de Berne a lui entamé
une procédure interne dans le Jura bernois et à Bienne avant de se
prononcer. Le Jura se dit d'ailleurs surpris d'avoir découvert les
intentions du Conseil exécutif bernois par voie de presse.



ats/mej

Publié Modifié

Du Congrès de Vienne au rapport de l'AIJ

Voici quelques dates parmi les plus importantes de la Question jurassienne, du Congrès de Vienne à la publication du rapport de l'AIJ le 4 mai.

1815: le Congrès de Vienne attribue au canton de Berne l'Evêché de Bâle. L'ancienne principauté des princes-évêques comptait sept districts: Porrentruy, Delémont, les Franches-Montagnes, Moutier, Courtelary, La Neuveville et Laufon.

1947: année-clé dans la lutte pour l'indépendance de la minorité francophone. La majorité alémanique du Grand Conseil bernois refuse que le Jurassien Georges Moeckli dirige le Département des travaux publics prétextant qu'un département aussi important ne saurait être confié à un Romand.

1er mars 1970: le canton de Berne accepte à une forte majorité l'additif constitutionnel qui va permettre aux Jurassiens de se prononcer sur leur indépendance. A condition que les districts la refusant aient l'occasion de se prononcer une seconde fois. Il ouvre ainsi la voie à la partition du Jura.

23 juin 1974: premier plébiscite dans les sept districts. Par 36'802 voix contre 34'057, la majorité de l'électorat accepte la création du canton du Jura. Mais seuls les districts de Delémont, Porrentruy et des Franches-Montagnes s'expriment en faveur d'une séparation. Ceux du Sud s'y opposent.

16 mars 1975: les trois districts du sud du Jura, Courtelary, Moutier et La Neuveville, se prononcent à 70% pour le maintien dans le canton de Berne.

7 septembre 1975: quatorze communes limitrophes de la nouvelle frontière se prononcent une nouvelle fois sur leur appartenance cantonale. La ville de Moutier décide à une faible majorité de rester dans le canton de Berne.

24 septembre 1978: le peuple suisse - et tous les cantons acceptent par 82,3% de «oui» la création du nouveau canton constitué des districts de Delémont, de Porrentruy et des Franches-Montagnes.

29 novembre 1998: lors d'un vote consultatif, les citoyens de la ville de Moutier refusent par 1932 voix contre 1891 de quitter le canton de Berne pour rejoindre celui du Jura.

12 septembre 2003: remise à Delémont de l'initiative «Un seul Jura» du Mouvement autonomiste jurassien. Ce texte demande que le Jura présente une offre de partage de souveraineté avec le Jura bernois en vue de la création d'un canton.

22 mars 2006: le Parlement jurassien adopte sans opposition et sous les applaudissements la loi «Un seul Jura».

28 août 2006: l'AIJ donne le coup d'envoi à l'étude sur l'avenir institutionnel de la région jurassienne.

4 mai 2009: l'AIJ présente son rapport sur l'avenir de la région jurassienne. Elle estime que la solution réside dans une votation populaire organisée par les cantons du Jura et de Berne.