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Passeport biométrique: oui de justesse

Le peuple doit se prononcer le 17 mai prochain sur le nouveau passeport.
Le passeport biométrique a eu bien de la peine à convaincre les Suisses.
Le nouveau passeport biométrique, muni d'une puce contenant entre autres deux empreintes digitales, pourra être émis dès l'année prochaine. La loi servant de base légale a été acceptée de justesse dimanche par 50,14% des votants, mais seize cantons ont dit "non".

Le désir de pouvoir continuer de voyager librement, et notamment
de pouvoir se rendre aux Etats-Unis sans visa, a convaincu une
courte majorité de 953'136 votants de glisser un "oui" dans
l'urne.



Les arguments du Conseil fédéral concernant les gains de sécurité
ainsi que le risque de devoir dénoncer les accords Schengen/Dublin
ont aussi fait mouche. La crainte d'une forte atteinte à la
protection des données a poussé 947'632 votants à refuser le
projet.



Comme la gauche mais aussi l'UDC, ils ne voulaient pas d'une
inscription de toutes les données du passeport dans un registre
central, ni laisser au Conseil fédéral la possibilité d'imposer une
carte d'identité biométrique.

D'un cheveu

Le suspense est resté entier tout au long de la publication des
résultats, qui étaient partout serrés. Le score dépasse 55% dans un
sens ou dans l'autre dans très de peu de cantons. La plupart
refusent la loi du bout des lèvres.



A Glaris (50,04% de non), seules cinq voix ont fait pencher la
balance. Les plus forts taux de refus sont venus du Jura (56%), de
Schaffhouse (55,5%) et du canton de Vaud (54,5%). A l'inverse,
Lucerne a dit oui à 57,6%, Zoug à 55,3% et Obwald à 55,1%.



En Suisse romande aussi, tout s'est joué dans un mouchoir de
poche. La balance a penché contre le passeport biométrique à Genève
(52,9%). Idem à Neuchâtel avec un "non" de justesse (50,8%). En
revanche, un "oui" est sorti des urnes en Valais (51,4%) et à
Fribourg (53,1%). Berne a refusé la loi par 50,4%.

Un résultat si serré est rare

Des résultats aussi serrés que ceux qui ont conduit à
l'acceptation du passeport biométrique par 50,1% des suffrages sont
rares en votation fédérale. Depuis la Seconde Guerre mondiale,
seule l'initiative sur l'asile de l'UDC le 24 novembre 2002 a connu
un score plus serré, avec 4208 voix d'écart, contre 5504 dimanche
en faveur du passeport.

WIDMER-SCHLUMPF SOULAGEE

Eveline Widmer-Schlumpf s'est montrée soulagée dimanche
après-midi après la longue valse hésitation qui a précédé
l'acceptation du passeport biométrique. La conseillère fédérale a
par ailleurs promis que la carte d'identité ne deviendrait pas
biométrique pour l'heure.



Le nouveau passeport, qui sera prêt d'ici le mois de mars de
l'année prochaine, sera plus sûr et permettra de voyager plus
facilement, en particulier aux Etats-Unis, a souligné Eveline
Widmer-Schlumpf devant la presse à Berne. La ministre de la Justice
a promis qu'elle mettrait tout en oeuvre pour assurer la protection
des données.

PLSR et PDC: "on a eu chaud"

Eveline Widmer-Schlumpf n'est pas la seule à respirer après le
oui du bout des lèvres des Suisses au passeport biométrique: "On a
eu chaud", avouait le conseiller national Hugues Hiltpold (PLR/GE).
Au sein de son parti, le soulagement domine: la Suisse ne risque
pas de sortir de l'espace Schengen.



Grâce à ce oui, la Suisse sera prête en mars 2010, échéance fixée
par l'UE à la Suisse pour la mise en place de ce document,
précise-t-il. Concernant l'ampleur du non, il déplore une campagne
des opposants axée sur la peur. Même son de cloche du côté du PDC.
Filippo Lombardi juge "infondées" les craintes référendaires.



L'Union européenne a aussi salué le oui helvétique. L'ambassadeur
de l'UE à Berne, Michael Reiterer, s'est réjoui d'une "confirmation
de Schengen".

Opposants vigilants

Le oui d'extrême justesse au passeport biométrique oblige les
autorités à assurer une meilleure protection des données, estiment
les opposants. A l'unisson, l'UDC, le PS, les Verts et le POP
exigent que la carte d'identité n'inclue pas de données
biométriques. Une initiative parlementaire du Vert Antonio Hodgers
sera déposée à la session d'été.



Elle réclamera le droit de bénéficier d'une carte d'identité sans
puce électronique et le droit à ce que les empreintes digitales ne
soient pas conservées dans le registre centralisé. Le président des
Verts Ueli Leuenberger rappelle que le registre ne figurait pas
parmi les exigences de l'UE. Le PS demande une amélioration du
cryptage.



ats/nr

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