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Peer Steinbrück attaque à nouveau la Suisse

Le ministre allemand ne baisse pas le ton face à la Suisse.
Le ministre allemand ne baisse pas le ton face à la Suisse.
Le ministre allemand des finances Peer Steinbrück s'en est à nouveau pris jeudi à la Suisse et au Liechtenstein, les accusant d'encourager l'évasion fiscale. Mais Angela Merkel s'est pour la première fois s'est distanciée de ses propos après les vives réactions des pays concernés.

Le ministre ne souhaite pas minimiser le fait que quelques Etats
«non seulement s'accommodent» mais aussi incitent
«intentionnellement» à l'évasion fiscale vers leur pays. «J'affirme
que c'est clairement le cas de la Suisse», a-t-il ajouté devant le
Parlement qui examine le projet de loi contre les paradis
fiscaux.

«Activités criminelles»

Mais il a aussi pointé du doigt le Liechtenstein. Le Luxembourg
et l'Autriche vont par conte dans la bonne direction, selon lui. Il
souhaite ne pas laisser un temps indéfini à la Suisse pour mettre
en oeuvre ses annonces d'une meilleure coopération dans l'échange
d'informations sur les questions fiscales. Il a exigé des
«négociations concrètes» pour bientôt et souhaite qu'elles soient
ensuite assez rapidement conclues



Peer Steinbrück a également estimé que l'Allemagne a perdu plus de
100 milliards d'euros avec la fraude et l'évasion fiscales. «Nous
n'allons plus passer de manière diplomatique» sur ces sujets, a
souligné le ministre. «L'évasion fiscale et à plus forte raison la
fraude fiscale sont criminelles», a-t-il encore dit.

Angela Merkel intervient

Suite aux vives réactions des pays
concernés

(voir ci-contre)

, Angela Merkel s'est
distanciée jeudi pour la première fois ouvertement de la forme des
critiques de son ministre des finances Peer Steinbrück. La
chancelière allemande, qui s'est exprimée pour la première fois sur
la question, a indiquée que «s'il y a eu des irritations, je
mettrai tout en oeuvre, aussi en tant que cheffe du gouvernement,
pour qu'elles disparaissent rapidement».



«L'Allemagne veut de bonnes relations avec tous ses voisins. C'est
dans la tradition et cela le restera à l'avenir», a souligné Angela
Merkel. La chancelière allemande a téléphoné au Premier ministre
luxembourgeois Jean-Claude Junker, a rapporté l'agence de presse
dpa.



Une large majorité semble se dessiner au Bundestag pour le texte
contre les paradis fiscaux. Le Parlement veut encore examiner le
projet de loi d'ici l'été, avant les élections législatives prévues
en septembre prochain. Jeudi, le groupe CDU/CSU a toutefois demandé
qu'une chance soit laissée aux négociations avant de prendre des
sanctions contre les Etats concernés.



ats/cab

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Les réactions fusent

Le président de la Confédération Hans-Rudolf Merz a «pris connaissance» des nouveaux propos de Peer Steinbrück, a indiqué le Département fédéral des finances (DFF).

Il a rappelé que «la Suisse n'est pas un paradis fiscal» et qu'elle s'était engagée à conclure une série d'accords bilatéraux pour mettre en pratique les nouvelles normes fiscales de l'OCDE, dont un est prévu avec l'Allemagne.

Le Luxembourg a vivement protesté. Devant les caméras de la télévision alémanique SF, son ministre des affaires étrangères Jean Asselborn a qualifié d'«arrogante et humiliante» l'attitude de Peer Steinbrück.

Il a estimé que les réflexions du ministre allemand étaient dignes du café du commerce.

Le chef du gouvernement luxembourgeois Jean-Claude Junker a lui estimé que les relations entre son pays et l'Allemagne souffraient considérablement de ces attaques.

Le Liechtenstein s'est de son côté dit «étonné» des déclarations du ministre allemand des finances.

Forfaits fiscaux pas remis en cause

Le Conseil fédéral ne voit toujours pas pourquoi la Suisse supprimerait les forfaits fiscaux pour les riches étrangers sans activité lucrative sur son sol.

Ni le choix des Zurichois d'y renoncer après un vote populaire en février ni la polémique sur le secret bancaire justifient de changer de pratique, selon lui.

Outre les considérations pratiques et fiscales, le gouvernement estime qu'aucun élément politique ne plaide pour l'abandon des forfaits.

«Cette imposition peut paraître attrayante, mais n'a rien à voir avec l'imposition dans un paradis fiscal», souligne-t-il dans sa réponse publiée jeudi.

Pas question donc d'intégrer ce sujet aux pourparlers internationaux sur les conventions de double imposition et l'entraide administrative.