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"La Catillon", réhabilitation juridique manquée

Le Grand Conseil fribourgeois n'a pas souhaité la réhabilitation juridique de "la Catillon".
Le Grand Conseil fribourgeois n'a pas souhaité la réhabilitation juridique de "la Catillon".
Catherine Repond, dite "la Catillon", dernière sorcière romande brûlée en 1731, n'aura pas droit comme la Glaronaise Anna Göldi à une réhabilitation juridique. Le Grand Conseil fribourgeois s'est contenté vendredi d'un texte général et non contraignant.

La résolution, qui se borne à réhabiliter la mémoire de toutes
les victimes de la justice de l'Ancien Régime, a été adoptée par 69
voix contre 21 et 8 abstentions. En revanche, un deuxième point
visant à encourager la recherche sur cette période de l'histoire du
canton a été rejeté à une faible majorité de 49 oui contre 44 non
et 5 abstentions.

Opposition de la droite

L'opposition est venue des rangs de l'UDC et du PLR. Selon le
principe «Autres temps, autres moeurs», les agrariens rejetaient la
résolution dans son ensemble, estimant qu'il valait mieux
«s'occuper des problèmes de notre temps», ainsi que l'a déclaré
leur rapporteur Jean-Claude Rossier.



Les libéraux-radicaux, eux, étaient d'accord avec la
réhabilitation morale de l'ensemble des victimes, mais ils ne
souhaitaient pas encourager la recherche. Le conseiller d'Etat
Erwin Jutzet (PS) a pourtant souligné que cela n'impliquerait pas
des crédits supplémentaires.



Auteurs d'une motion retirée en mars, Jean-Pierre Dorand (PDC) et
Daniel de Roche (PEV), respectivement historien et pasteur,
s'étaient ralliés aux arguments du Conseil d'Etat. «La
réhabilitation n'existe tout simplement pas dans le nouveau code
pénal suisse», a répété Erwin Jutzet vendredi.

«Une justice à deux vitesses»

Le conseiller d'Etat a vainement plaidé en faveur du second
point de la résolution. Il a relevé que l'Ancien Régime avait fait
des milliers d'autres victimes, homosexuels, prostituées et
hérétiques. Des recherches et publications historiques
constitueraient également une forme de réhabilitation.



«Qui ne connaît pas son passé est condamné à le répéter», a estimé
Daniel de Roche. Pour lui, ces femmes - et ces hommes - accusés de
sorcellerie étaient les boucs-émissaires de tensions
sociales.



Dans les rangs du centre et de la gauche, des voix se sont élevées
pour critiquer une «politique et une justice à deux vitesses», et
des parallèles ont été tirés avec l'époque actuelle. Daniel de
Roche a souligné qu'il avait lui-même été condamné à 300 francs
d'amende pour avoir hébergé des sans-papiers.



ats/ps

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Une exposition sur «la Catillon»

La Gruérienne Catherine Repond, dite «La Catillon», n'a pas fini de faire parler d'elle à Fribourg.

Outre une table ronde qui a eu lieu cette semaine, une exposition lui est consacrée aux Archives de l'Etat de Fribourg, et un postulat déposé au Conseil général de la ville demande une rue à son nom.