Le constat est grave. Un tiers des espèces animales connues en Suisse sont menacées d'extinction. Il y a urgence à définir et appliquer des solutions. "Ce qui est dramatique, ce n'est même pas que les espèces disparaissent à un rythme jamais vu, mais c'est le déclin général de toute la nature ordinaire", lance Julien Perrot, directeur de la revue la Salamandre, interrogé mercredi dans La Matinale. "Des oiseaux, des insectes, des plantes qui étaient complètement ordinaires il y a 20 ou 30 ans, ont des effectifs en chute libre."
Les milieux les plus menacés sont les lieux humides, la biodiversité d'eau douce en particulier. Concrètement des batraciens, des poissons, des plantes aquatiques sont directement en péril, mais aussi la faune qui évolue dans les prairies sèches. C'est dans ces environnements-là qu'il faut d'abord concentrer les efforts estime au micro de la RTS le biologiste Olivier Glaizot, "C'est parfois plus intéressant de protéger une espèce "parapluie". Pour protéger ces espèces, on doit sauver leur environnement spécifique. Cette survie entraîne une cascade de survies d'autres espèces. On doit protéger les milieux, presque plus que les espèces."
Quelles sont les menaces? La dégradation des écosystèmes, le dérèglement accéléré du climat et de l'environnement. C'est la vitesse du changement qui pose problème. Les mécanismes d'interaction entre les espèces sont déséquilibrés en grande partie à cause de l'activité humaine: pollution, destruction des habitats, production agricole. Pour Olivier Glaizot, "il faut agir sur la mécanique de disparition de ces milieux et de ces espèces. Il faut diminuer drastiquement la surexploitation, la pêche, la chasse, mais aussi réduire notre consommation."
Alors on connaît les causes, il faut maintenant freiner l'engrenage. Si l'impact humain et notamment le secteur de l'agriculture sont montrés du doigt, les agriculteurs font aussi partie de la solution. "Les agriculteurs peuvent jouer un rôle en mettant en place des pratiques qui permettent à la biodiversité de prospérer dans ces zones qui sont cultivées, estime Olivier Hasinger, coordinateur à l'Union internationale pour la conservation de la nature. Ils peuvent mettre en place des zones tampons entre les champs et les rivières ou construire des haies qui peuvent servir de refuge aux oiseaux ou aux petits mammifères."
Il faut diminuer drastiquement la surexploitation, la pêche, la chasse, mais aussi réduire notre consommation
Peut-on agir au niveau individuel? Consommer local, ou de saison, de manière durable... une rengaine connue, mais pas sans effort."Plus on le fait, plus la pression sera grande sur les distributeurs, sur les entreprises, lance Julien Perrot de la Salamandre. De manière générale, il faut arrêter de surconsommer".
Pierre-Etienne Joye/PW