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Scandale et délation à la police lausannoise

En 2002, la police avait mené ponctuellement une opération de dissuasion dans les rues de Lausanne. En vain...
Des agents municipaux lausannois sont accusés de faux témoignage.
Un agent de la police municipale lausannoise, blanchi par la justice en début d'année, aurait bel et bien été coupable des faits qui lui étaient reprochés: violences sur mineur. L'une de ses collègues accuse de surcroît plusieurs membres de police secours de s'être concertés pour lui fournir de faux témoignages.

L'info, qui paraît samedi en Une de " 24 heures ", ne va assurément pas redorer le blason
de la police du chef-lieu vaudois, déjà ébranlée par toute une
série de dérapages. A tel point qu'en 2002 déjà, l'etat major
s'était lancé dans une vaste campagne de sensibilisation de ses
troupes à l'éthique, dont la portée est aujourd'hui remise en
cause.

Des témoignages cruciaux

Le 16 janvier dernier, un agent de la police municipale avait
été innocenté des charges de maltraitance envers Erythréen, âgé de
16 ans au moment des faits, sur la base notamment de témoignages de
plusieurs de ses collègues.



Le Tribunal de police n'avait en revanche pas tenu compte des
allégations du jeune plaignant, qui accusait l'agent d'avoir fait
un usage "gratuit" de spray au poivre à son encontre après avoir
été conduit en fourgon policier jusqu'à la lisière des bois de
Sauvabelin, ou il aurait été simplement abandonné.



L'accusé avait également affirmé avoir immédiatement tenté de
déposer plainte à l'Hôtel de police, mais que sa requête avait été
sèchement rejetée par un planton. Une accusation qui avait, comme
la première, été balayée par le tribunal, raconte "24
heures".



Le jeune homme avait alors fait recours contre ce premier
jugement, tout comme le Ministère public. Le procureur général, qui
ne s'estimait déjà pas convaincu par les motifs qui avaient poussé
le Tribunal de police à blanchir l'agent, a vu sa décision
renforcée par un courriel reçu par l'avocate du plaignant à la
veille de la lecture du jugement.

Délation et interpellations au sein des pandores

Le mail avait été envoyé par une agente municipale, outrée du
défilement de témoignages policiers en faveur de l'accusé et qui
affirmait que l'un de ces témoins lui avait raconté l'histoire,
dans des termes qui corroboraient entièrement la version de la
victime présumée de brutalités policières.



Le juge d'instruction, rapidement informé, avait alors fait
interpeller deux des agents qui avaient déposé en faveur de leur
collègue. Si le premier maintient toujours sa première version, le
second a fini par craquer et se dit soulagé de pouvoir enfin dire
la vérité, selon une information exclusive de "24 heures". Il a été
inculpé pour faux témoignage et entrave à l'action de la
justice.

Un précédent

A noter encore que l'agent incriminé dans cette affaire avait
déjà été impliqué dans une autre scandale de brutalités policières.
Il aurait violenté sans raison un client dans une discothèque à
l'issue d'une fouille qui serait restée vaine. L'affaire avait été
évoquée dans une émission de Temps Présent , diffusée en septembre 2008.



Le verdict de la Cour de cassation du Tribunal cantonal devrait
tomber le 8 juin prochain.



jeh

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La version du plaignant

Dans sa version des faits, le jeune plaignant affirme qu'aux premières heures du premier janvier 2006, à la suite d'un contrôle d'identité qui avait rapidement dégénéré en échange d'injures, il aurait subi des violences policières.

Il aurait été rudoyé pendant le trajet entre la discothèque devant laquelle il avait été arrêté et l'Hôtel de police, d'où il a rapidement été relâché.

Peu de temps après, il aurait été rattrapé par un fourgon de police et emmené en bordure des bois de Sauvabelin.

Sommé de sortir du véhicule, il aurait alors été aspergé de spray au poivre par l'un des agents alors qu'il s'éloignait.

Il serait enfin retourné à l'Hôtel de police dans le but de porter plainte, mais se serait vu opposer une fin de non-recevoir par le fonctionnaire de garde ce soir là.

Réaction de la municipalité et de l'Etat major

Cette affaire démontre que l'éthique est plus que jamais nécessaire à la police, a réagi sur les ondes de la RSR Marc Vuillemier, municipal popiste en charge de la police. Si des fautes sont avérées, des sanctions devront être prises.

«Mais tant que la justice n'aura pas rendu de décision, c'est la présomption d'innocence qui s'applique comme pour tous les citoyens», a-t-il rappelé.

Le commandant Hagenlocher déplore lui aussi les faits révélés par nos confrères de "24 heures". "C'est justement pour éviter ces situations que nous avons mis en place dès 2002 une démarche éthique», a-t-il expliqué à l'ATS.

Si les accusations s'avèrent fondées, les policiers fautifs seront sanctionnés une fois la procédure pénale achevée, a assuré le chef de la police municipale.

Gérald Hagenlocher relève également que cette vieille affaire est exploitée par le journal vaudois alors que se profile une votation sur la police unique dans le canton.

Lausanne souhaite absolument conserver sa propre police et refuse de se rallier à une police unique cantonale.