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Le peuple doit voter uniquement sur l'achat d'avions, selon Claude Nicollier

Avions de combat: la stratégie de Viola Amherd
Avions de combat: la stratégie de Viola Amherd / 19h30 / 2 min. / le 2 mai 2019
Le peuple devrait pouvoir trancher rapidement sur l'acquisition de nouveaux avions de combat, mais pas sur les moyens de défense sol-air. L'expert Claude Nicollier recommande de séparer les deux volets du projet à huit milliards de francs.

Pour l'ex-astronaute et pilote militaire Claude Nicollier, le rapport "Avenir de la défense aérienne" est très bon. La conseillère fédérale en charge de la Défense Viola Amherd, qui a dévoilé jeudi les résultats de ces études, "doit le sanctionner comme base reconnue pour les travaux, ce qui devrait mettre fin à bon nombre de polémiques nuisibles."

En revanche, la voie politique choisie doit être revue. L'année dernière, le Conseil fédéral avait opté pour un arrêté de planification pouvant être combattu par référendum pour l’achat combiné de nouveaux jets et de moyens de défense sol-air de longue portée.

Selon Claude Nicollier, ce processus nouveau et inconnu est judicieux pour l'avion de combat. Mais il est inutile de mêler un autre système d'armes à cette prochaine bataille qui ne concerne que l'avion et qui s'annonce "comme de coutume, bien plus émotionnelle que professionnelle".

Option plus coûteuse que prévu

Parmi les quatre options proposées, l’expert plaide pour la seconde, qui mise sur 40 nouveaux avions de combat. Cette alternative comprend toutefois un budget plus important que prévu, à près de 9 milliards de francs. "Ce sont des valeurs approximatives qui dépendent beaucoup du prix des avions, explique-t-il Et le coût varie d’un appareil à l’autre, de 80 à 100 millions de francs pièce".

>> Voir son interview complète :

interview de claude nicollier
interview de claude nicollier / L'actu en vidéo / 2 min. / le 2 mai 2019

Il ajoute: "Ma recommandation est de tendre le plus possible vers l’option 2, qui nous donne une meilleure réserve, surtout en cas de situation tendue."

Défense aérienne "menacée"

Le dossier est déjà en retard de quinze ans sur la planification initiale, fait-il valoir. Si le projet Air2030 ne peut être réalisé à l'horizon prévu, cela signifiera la fin de la défense aérienne et la police du ciel dès 2030, avertit l'astronaute. Le pays ne pouvant prendre un tel risque, il est temps de se limiter à l'essentiel et à ce qui est réalisable.

Cette conclusion rejoint l'avis de plusieurs partis bourgeois. En consultation, le PLR et le PDC avaient critiqué l'idée de lier dans un même paquet l'achat de jets et le renouvellement de la défense sol-air.

Une avancée avant l'été

De son côté, la conseillère fédérale Viola Amherd prend note de ces conclusions. "Je vais encore analyser à fond ces expertises et je vais faire une proposition au Conseil fédéral ces prochaines semaines pour voir comment poursuivre le dossier. J'aimerais obtenir ce message avant l'été", explique la cheffe du Département de la défense au micro de la RTS.

Elle explique également sa décision de faire appel à Claude Nicollier. "Il est ancien pilote et connaît le métier. De plus, puisqu'il n'est plus dans l'armée depuis 30 ans, il est indépendant. C'était le profil idéal."

>> Faut-il revoir à la baisse les affaires compensatoires? Interview de Christophe Gerber, vice-président du Groupe romand pour le matériel de défense et de sécurité, dans Forum :

Christophe Gerber, vice-président du groupe romand pour le matériel de sécurité et de défense (GRPM). [Twitter]Twitter
Faut-il revoir à la baisse les affaires compensatoires? Interview de Christophe Gerber / Forum / 5 min. / le 3 mai 2019

ats/vkiss/hend

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Fin de vie

Tous les moyens de défense aérienne arrivant en fin de vie, l'expert soutient un renouvellement global. Selon lui, il faut tendre à l'acquisition d'une quarantaine d'avions avec un retrait progressif des F/A-18 et des F-5 Tiger lors de l'acquisition du prochain jet.

Le système de défense sol-air pourrait couvrir environ 15'000 km2 (surface du Plateau suisse). L'équilibre entre avions de combat et défense sol-air serait ainsi assuré. Cette solution est toutefois devisée par les experts à 9 milliards, et le Conseil fédéral a fixé un plafond de 8 milliards. Il faudra s'en approcher le plus possible.

Affaires compensatoires

Les affaires compensatoires sont un autre point sensible du dossier. Selon les exigences du Conseil fédéral, les entreprises étrangères avec lesquelles des contrats seront signés devront compenser 100% de la valeur des contrats par des affaires en Suisse.

Dans son rapport sur le sujet, l'ancien directeur du Contrôle fédéral des finances Kurt Grüter est sceptique sur un mécanisme qui enfreint le principe de la liberté du commerce et de l’industrie. Pour l'expert, seules les affaires compensatoires directes et les affaires compensatoires indirectes relatives à la technologie et à l’industrie de sécurité sont pertinentes.