Partis et organisations n'ont eu que quelques jours pour prendre
connaissance des mesures adoptées mercredi dernier par le Conseil
fédéral. Ils n'ont eu que trois heures et demie pour s'exprimer
lundi après-midi dans une conférence qui réunissait quelque 80
intervenants.
Cette manière de procéder a froissé trois partis, l'UDC, le PCS et
le PEV, qui ont boycotté la séance, estimant ne pas avoir
suffisamment de temps pour étudier les dossiers ou pour s'exprimer.
Le PLR, le PDC et les Verts y ont pris part, tout comme le PS, qui
n'en avait pas moins jugé cette consultation "folklorique".
La Fédération des médecins suisses (FMH) a participé à la
discussion mais a critiqué avant même sa tenue un "exercice alibi".
Elle juge plus opportun d'étudier par exemple une taxe pour les
services d'urgence hospitaliers en vue de dissuader les patients
qui s'y rendent pour des bagatelles. La Société suisse de médecine
générale a réitéré ses critiques contre une contribution générant
surtout un surplus de bureaucratie.
Contre la taxe de consultation
Selon le président de la FMH, Jacques
de Haller, un "très large consensus" s'est dégagé contre la taxe de
consultation. On voit mal comment elle pourrait rassembler une
majorité parlementaire, a-t-il estimé, interrogé par l'ATS.
Même écho chez Bernhard Wegmüller, directeur de H+, l'association
faîtière des hôpitaux suisses: "L'atmosphère était clairement
contre l'introduction d'une taxe de consultation". De surcroît,
l'opinion dominante est que les mesures proposées n'apportent rien,
exception faite du conseil téléphonique.
La consultation s'est déroulée de manière ordonnée et courtoise, a
relevé pour sa part le directeur de santésuisse Stefan Kaufmann.
Maintenant, c'est à Pascal Couchepin de décider ce qu'il retient
des arguments invoqués, a-t-il ajouté.
Plutôt que de taxer les consultations chez le médecin, la FMH
propose l'introduction d'une taxe dans le domaine hospitalier
ambulatoire pour les bagatelles aux urgences. Les 30 francs, eux,
sont rejetés à la quasi-unanimité. Il n'y a guère que santésuisse
qui, ayant fait d'autres propositions, dit pouvoir vivre avec, dans
une optique de responsabilisation du patient.
Même le PLR, parti de Pascal Couchepin, écrit qu'il considère
cette taxe "avec un certain scepticisme". Dans sa prise de position
diffusée à l'issue de la conférence, il évoque les mêmes arguments
que bon nombre d'autres intervenants, en particulier les
expériences négatives faites en Allemagne et en Autriche.
Selon Jean-Marc Crevoisier, porte-parole du Département fédéral de
l'intérieur, l'atmosphère a été "constructive" lundi après-midi.
Pascal Couchepin s'est déclaré satisfait de la conférence.
L'avantage de cette procédure a été de donner aux petites
organisations la possibilité de s'adresser directement au ministre
de la santé, a relevé Jean-Marc Crevoisier.
Empoignades en perspective
L'objet promet de belles empoignades au Parlement. Selon
Jean-Marc Crevoisier, un message devrait être soumis au Conseil
fédéral d'ici à la fin mai, puis transmis au Parlement avant les
vacances d'été. Les Chambres fédérales pourraient ensuite traiter
cet objet lors de la session d'automne. L'entrée en vigueur est
prévue au 1er janvier 2010.
Les organisations qui estiment n'avoir pas eu suffisamment de
temps pour s'exprimer peuvent encore le faire par écrit jusqu'à la
fin de la semaine. C'est valable aussi pour ceux qui n'ont pas
participé à la conférence.
agences/lan
Un paquet de mesures controversées
Le 6 mai dernier, le gouvernement a entériné un paquet de mesures proposé par Pascal Couchepin et visant à réduire les coûts de la santé, toujours en hausse.
La plus controversée de celle-ci est l'introduction en janvier d'une taxe de consultation de 30 francs que tout patient devra payer pour chacune de ses six premières visites chez le médecin, en cabinet ou à l'hôpital. La facture finale du médecin resterait la même car le montant versé par l'assuré serait déduit du total.
Autre mesure proposée par le gouvernement sujette à la polémique: le blocage des franchises supérieures à 300 francs pendant deux ans au moins. Ceci doit servir à éviter qu'une personne joue au yo-yo avec ses primes, passant d'une franchise à l'autre en fonction des soins qu'elle prévoit pour elle durant l'année.
Pour adoucir la pilule, le Conseil fédéral a prévu d'obliger toutes les caisses maladie à mettre sur pied un service de conseil téléphonique. Les assurés pourraient ainsi bénéficier d'une consultation gratuite avant de décider de se rendre chez un praticien.
Enfin, le Conseil fédéral est prêt à attribué 200 millions supplémentaires pour les subsides fédéraux destinés à diminuer les primes de certains assurés en 2010 et 2011.