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Exploitations forestières et scieries peinent à survivre à la crise du bois

Les bâtiments en bois sont tendance mais les scieries suisses ferment. [RTS - Davis Jordan]
Quinze minutes - Exploitations forestières et scieries peinent à survivre à la crise du bois / 15 minutes / 14 min. / le 4 mai 2019
Un tiers du territoire suisse est recouvert de forêts, et le bois local possède une faible empreinte carbone. Mais malgré cet argument écologique, de plus en plus d'exploitations forestières et de scieries ferment, la faute à une forte concurrence étrangère.

Un quart des exploitations forestières en Suisse ont fermé au cours des vingt dernières années. Et si les bâtiments en bois sont tendance, paradoxalement, quasiment une scierie helvétique sur deux a cessé ses activités ces dernières années.

Beaucoup de ces exploitations de bois sont petites et tentent de trouver des niches, comme la scierie Codourey à Romont, dans le canton de Fribourg. Lorsque l'émission 15 Minutes de la RTS s'est rendue sur place, une passerelle de forêt était en construction. Et de manière plus large, on parle de commandes en sur-mesure avec des clients de la région.

"L'avenir est très compliqué", reconnaît Simon Codourey, responsable de la production. "Mais du temps qu'on est sur le marché et qu'on arrive à continuer comme ça, on va le faire. Notre passion, c'est de transformer le bois... on va tenter de résister", assure-t-il.

Un label "sentimental"

Et pour tenter de résister, la scierie Codourey porte le label Bois Suisse. Or, pour Gaspard Studer, président de la faîtière des scieries suisses, ce label "ne va malheureusement rester que sentimental". "Au niveau de la qualité et du savoir-faire, nos concurrents sont pratiquement aussi bons que nous. Pour une maison familiale complète, on est à 7, 8, maximum 10% plus cher si on utilise du bois suisse plutôt que que du bois étranger", explique-t-il.

Et d'ajouter: "Si je veux vraiment placer mon bois suisse, je vais dire qu'il crée des postes de travail en Suisse, qu'il n'y a pas d'énergie grise. Mais si vous faites venir du bois depuis la Lituanie pour le coller en Allemagne et le ramener ici, malheureusement, il est moins cher que le nôtre".

De l'espoir dans le bois énergie

La concurrence est donc rude pour le bois suisse, en particulier pour ce que l'on appelle le bois de service, destiné à la construction. Mais certains tirent leur épingle du jeu grâce au tournant énergétique, à l'instar du groupement forestier des Agittes, qui gère les forêts de six communes vaudoises en Chablais.

L'entreprise coupe des arbres, il a même sa propre scierie. Et surtout, il revend ses chutes, des copeaux qui seront brûlées dans une centrale de chauffage à distance à quelques kilomètres des forêts. "Le réseau fait environ 11 kilomètres, il alimente toute la zone industrielle de Villeneuve, l'hôpital, une bonne partie de la zone industrielle et des nouveaux quartiers de Roche...", décrit son directeur Laurent Fivaz.

Il explique que le bois énergie a pris énormément d'importance. "En 2018, le chiffre d'affaires du bois de service était deux fois moins élevé que celui fait avec le bois énergie. Vous auriez dit cela à un forestier dans les années 80, il vous aurait dit que vous êtes complètement fou!", ajoute Laurent Fivaz.

Et la demande est là, car le prix du bois énergie a augmenté ces dernières années.

>> Malgré la faible empreinte carbone du bois local, les scieries suisses ferment :

Un tiers du territoire suisse est recouvert de forêts. [RTS - Jordan Davis]RTS - Jordan Davis
Malgré la faible empreinte carbone du bois local, les scieries suisses ferment / La Matinale / 3 min. / le 3 mai 2019

Jordan Davis et Joëlle Cachin/jvia

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