Elles demandent davantage de respect, de temps et d'argent. Le 14 juin prochain, des militantes féministes se mobilisent à travers la Suisse en faveur de l'égalité entre hommes et femmes. Elles feront grève pour faire entendre leurs nombreuses revendications.
"Je vais manifester le 14 juin parce que les inégalités entre hommes et femmes existent toujours", a confié à la RTS Danielle Axelroud, experte-fiscale à la retraite, lors de l'appel à la grève à Bienne en mars dernier. "Ces inégalités sont graves et pratiquement ignorées de nos politiciens."
"Nous sommes en 2019, nous avons des lois sur l'égalité depuis des décennies, mais les femmes n'obtiennent toujours pas une paie égale à celle des hommes pour un travail égal", complète Chantal Neuhaus, ambulancière de 28 ans.
L'égalité dans le monde du travail tient une place de choix dans les revendications de ces féministes. "Nous voulons des salaires égaux pour un travail de valeur égale. Nous voulons la valorisation des métiers 'féminins' et leur juste rémunération", précise l'appel à la grève adopté par les membres des collectifs locaux organisant la mobilisation.
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Car aujourd'hui, les disparités persistent. En 2016, le salaire mensuel médian était de 6830 francs pour les hommes travaillant en Suisse. Ce qui signifie que la moitié des travailleurs du pays gagnaient moins de 6830 francs brut par mois, l'autre moitié davantage. Pour les femmes, il s'élevait à 6011 francs, soit un écart salarial de 12%, selon les données de l'Office fédéral de la statistique (OFS). Une différence qui s'est atténuée ces dernières années, mais qui persiste.
Les militantes exigent également la fin des discriminations en matière de rentes. Les prestations du deuxième pilier versées en 2017 ont été près de deux fois plus élevées pour les hommes que pour les femmes, indiquait en mai l'OFS. Des "écarts marqués entre les sexes" qui s'expliquent en grande partie par les différences dans les parcours professionnels.
Les revendications des grévistes s'étendent aussi au-delà du monde du travail. Les collectifs demandent notamment la liberté de choix en matière de sexualité et d'identité de genre, la fin de la banalisation des violences sexistes et la gratuité de l'avortement et de la contraception. En Suisse, une personne meurt toutes les deux semaines des conséquences de la violence domestique. Le pays ne fait pas figure de bon élève en comparaison européenne en matière de féminicides:
Enfin, les collectifs dénoncent aussi "un espace public et politique conçu par et pour des hommes", réclamant que les écoles deviennent un lieu d'émancipation et d'éducation à l'égalité, ainsi que la fin des stéréotypes de genre dans les médias. "Le 14 juin, je fais la grève parce que j'en ai marre du patriarcat", résume Chloé, géographe de 32 ans.
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