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Biométrie: un scrutin qui ne rassure pas la presse

Près de 9 sondés sur 10 sont pour un fichage des pédophiles.
L'affaire des fiches hante toujours l'esprit des Suisses, selon la presse.
Nombre de journaux romands voient dans le «oui» serré au passeport biométrique un signe de la méfiance des Suisses envers le Conseil fédéral. Les autorités sont désormais sous étroite surveillance en ce qui concerne la protection des données, soulignent plusieurs éditorialistes.

«Au pays du secret bancaire, où l'on donne tant de prix à la
protection de la sphère privée, l'Etat devait doublement veiller à
rassurer», écrit lundi Le Temps . «Or il a échoué. Pire, pêchant par excès
de zèle, il a contribué à augmenter la méfiance en projetant de
créer un fichier central des données biométriques».



Aucun écart ne sera pardonné aux autorités sur le terrain très
sensible de la protection des données, conclut le quotidien
romand.



Même son de cloche dans les pages du Quotidien Jurassien, pour qui
«la classe politique devra tenir compte de cette méfiance». Et de
préconiser de prendre son temps avant l'introduction d'une puce
électronique sur les cartes d'identité.



Pour le Nouvelliste: «c'est un avertissement et le oui est
d'autant plus spectaculairement anémique que le passeport
biométrique était présenté comme une norme contraignante pour le
système Schengen».

«Big Brother»

Même écho dans le journal vaudois 24 heures . «Si ce sont les Suisses qui livreront
désormais leurs empreintes digitales à l'administration, c'est bien
le gouvernement et sa gestion des données qui se retrouve
aujourd'hui placé sous étroite surveillance», prévient le
commentateur.



Depuis l'affaire des fiches, «quand Big Brother ouvre l'oeil, le
Suisse ne le quitte pas des yeux. Toute tentative de lui faire un
superflic fédéral dans le dos réveille sa garde», estime La Liberté . Le quotidien fribourgeois voit dans le
résultat des urnes une «nouvelle affirmation de la méfiance
viscérale du peuple envers toute velléité de ficher et de
centraliser des données personnelles».



Pour Le Courrier , «les doutes exprimés
par les Suisses rappellent que la méfiance se propage comme un
virus. Et c'est davantage de ce thermomètre qu'il faudrait se
servir que de toutes les déclamations rassurantes sur l'usage des
technologies biométriques».



«En acceptant du bout des lèvres le passeport biométrique, les
électeurs ont fait comprendre au Conseil fédéral qu'il ne fallait
pas trop jouer avec les bases de données», renchérit L'Express/L'Impartial .

Une médecine adulte

Le Matin est le seul quotidien
romand qui consacre son éditorial au «oui» aux médecines
complémentaires. La population a signifié qu'elle refusait «de
rester otage des menaces sur l'augmentation des primes. Elle veut
un autre système de santé. Bâti pour des adultes du XXIe siècle
écoutés dans leurs besoins, pas pour des citoyens infantilisés et
juste bons à passer à la caisse», estime le journal romand.



ats/sbo

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La presse alémanique estime elle aussi qu'il faut tenir compte de la courte majorité du «oui».

Les quotidiens Tages-Anzeiger et Südostschweiz demandent au Parlement d'accepter la proposition des Verts selon laquelle l'inscription dans la banque de données centrale des passeports soit facultative.

L'Argauer Zeitung critique le fait que les politiciens «n'aient pas pris au sérieux dès le début les craintes de la population envers des fichiers et des abus de données».

Après toutes les protestations lors de la campagne, la sécurité promise est désormais le «premier commandement», souligne le St-Galler Tagblatt.

Pour le Bund, le Conseil fédéral doit maintenant «dissiper les craintes justifiées des opposants en exécutant la loi sur les passeports».

La tentation d'assouplir la loi et d'ouvrir la banque de données à de potentielles recherches systématiques reste grande, relève le quotidien bernois.