Le soutien à la RFFA se renforce
En 2017, les Suisses rejetaient la troisième réforme de l'imposition des entreprises (RIE III) et la réforme des retraites Prévoyance vieillesse 2020. Deux ans plus tard, ils semblent être prêts à accepter la RFFA, née sur les cendres de ces deux projets. C'est ce qu'indique le deuxième sondage gfs.bern publié mercredi.
Dix jours avant la vote, le paquet liant la réforme fiscale et le financement de l'AVS totalise 59% d'avis favorables, contre 35% d'avis défavorables. Par rapport à la première enquête réalisée il y a un mois, la tendance s'est renforcée. Le oui recueillait alors 54% des intentions de vote, contre 37% pour le non.
Un oui qui transcende les affinités partisanes
L'approbation du texte est majoritaire (au moins en termes relatifs) dans l'électorat de tous les partis. Les sympathisants des formations qui se sont clairement engagées en faveur du projet - PS, PDC, PBD et PLR - soutiennent ainsi très nettement la RFFA. L'évolution la plus notable est constatée à l'UDC, qui laisse la liberté de vote. Entre la première et la deuxième enquête, ses électeurs ont basculé dans le camp du oui (47% de oui contre 46% de non).
Les votants non affiliés penchent eux aussi légèrement en faveur de la RFFA, tout comme les sympathisants des Verts (49% de oui contre 43% de non), un parti qui, pourtant, recommande le rejet du texte. Mais c'est dans l'électorat des Vert'libéraux que la déconnexion est la plus flagrante: le parti prône officiellement le non, alors que la base est la plus convaincue par le projet (77% de oui).
Ni fossé linguistique, ni fossé générationnel
Les différences entre francophones, germanophones et italophones étaient déjà minimes dans le premier sondage et se sont encore estompées au fil de la campagne. Le soutien à la RFFA reste majoritaire dans les trois régions linguistiques du pays, se situant entre 54% d'intentions de vote favorables en Suisse italienne et 60% en Suisse romande.
L'évolution est similaire au niveau générationnel: même si les jeunes sondés sont plus enclins que les personnes plus âgées à vouloir glisser un non dans l'urne, ils soutiennent davantage le projet qu'il y a un mois. Seuls les votants des milieux les plus modestes (ménages disposant de moins de 3000 francs de revenu disponible par mois) sont plus nombreux à rejeter le texte qu'à le soutenir (40% de oui contre 56% de non)
Deux votants sur trois pour la loi sur les armes
Au niveau de la révision partielle de la loi sur les armes, la campagne n'a presque pas fait bouger les lignes. Depuis le premier sondage publié il y a un mois, les opposants à la mise en oeuvre de la nouvelle directive européenne ont gagné un petit point de pourcentage dans les intentions de vote, passant à 34%. Mais le camp des partisans du texte est toujours très largement majoritaire (65% de oui).
Seuls les sympathisants UDC disent non
A gauche, l'approbation de la réforme est quasi unanime: 87% des partisans des Verts et 92% des électeurs du PS indiquent vouloir voter en faveur du texte. Mais c'est chez les Vert'libéraux que le oui est le plus important (93%). De même, les sympathisants de tous les autres partis, sauf ceux de l'UDC, ainsi que les votants non affiliés sont très majoritairement favorables au texte.
L'électorat des démocrates du centre est le seul à rejeter la réforme de la loi sur les armes. Avec trois sympathisants sur quatre opposés au texte, la proportion n'a presque pas changé par rapport à la première enquête. La base est donc clairement sur la même ligne que la direction de l'UDC, le seul parti à avoir soutenu le référendum lancé par les milieux du tir.
Un oui féminin comme masculin
Tant les hommes (60% de oui) que les femmes (71% de oui) soutiennent majoritairement le renforcement du contrôle sur certaines armes semi-automatiques. A ce titre, la communication des partisans du non, très orientée vers l'électorat féminin, n'a pas vraiment porté ses fruits. En un mois, la part des femmes indiquant vouloir voter non a augmenté de 4 points seulement, à 28%.
La nouvelle législation sur les armes est soutenue dans toutes les catégories de la population: même s'ils ont une influence, ni la région linguistique, ni l'âge, ni le niveau de formation ne jouent un rôle déterminant dans la formation de l'opinion. Seul le critère de la confiance à l'égard du gouvernement permet de diviser l'électorat, les plus méfiants étant les seuls à rejeter la réforme.
Didier Kottelat
La méthodologie
Le sondage, mené par téléphone et sur internet, s'est étendu sur une période de 8 jours, entre le 23 et le 30 avril 2019. Il a porté sur un échantillon représentatif du corps électoral suisse de 5817 personnes. La marge d'erreur est de +/-2,7 points de pourcentage.
L'institut gfs.bern, qui a réalisé ce sondage sur mandat de la SSR, précise que cette deuxième enquête donne un état des lieux de l'opinion trois semaines avant les votations fédérales du 19 mai, et qu'il ne s'agit pas d'une prévision.