Alain Berset est le premier membre du gouvernement suisse à se rendre en République centrafricaine, l'un des pays les plus pauvres du monde et miné par les violences.
"C'est un enjeu extrêmement important pour nous. Nous avons un intérêt à ce que les questions de santé soient portées sur le plan international. L'année passée, j'ai lancé avec un ministre centrafricain une initiative à l'OMS pour permettre l'accès universel à la santé y compris dans les zones de crise et de conflits. La Centrafrique est vraiment confrontée à une situation difficile. C'est l'occasion d'échanger à ce sujet et de renforcer cette action internationale que nous avons", déclare le conseiller fédéral mardi dans Forum.
"Les attentes sont claires"
Le chef du Département fédéral de l'intérieur s'est entretenu mardi avec le président Faustin Touadéra, le premier ministre Firmin Ngrebada, et le ministre de la Santé Pierre Somse.
"Ils ont d'abord des attentes de la communauté internationale au sens large. Les attentes concrètes, en ce qui concerne la Suisse, sont assez claires. Nous avons des expertises en matière de résolution des conflits, de traitement du passé, d'Etat de droit et de fonctionnement de la justice. Ce sont des éléments qui sont à construire ou à reconstruire en République centrafricaine", explique Alain Berset.
Selon le Fribourgeois, la Suisse "reste un petit acteur en Centrafrique", mais peut apporter une "contribution spécifique dans les domaines de compétence où nous sommes les plus forts". Les discussions ont notamment porté sur l'accord de paix récemment signé entre le gouvernement et les groupes armés ainsi que sur l'aide humanitaire.
Personnel de santé menacé
Plus tôt dans la journée, Alain Berset a visité l’hôpital pédiatrique de Bangui. Si le paludisme fait encore des ravages en Centrafrique, notamment parmi les enfants, le contexte de violences pèse très lourdement sur la population. Le pays ne compte que 40 médecins pour un million d'habitants. En 2019, la Suisse prévoit des contributions financières de 11,6 millions de francs en République centrafricaine, soit une hausse de 1,7 million par rapport à l'an dernier.
"J'ai souhaité voir le terrain. J'ai pu me rendre dans une des zones les plus conflictuelles et problématiques parce qu'il y a plusieurs groupes armés qui s'affrontent pour la gestion du territoire. On sent très vite qu'il y a une grande pression sur les services publics. Le personnel de santé est menacé quotidiennement et les hôpitaux sont soumis à des braquages", constate le conseiller fédéral.
Propos recueillis par Julien Bangerter et Nadine Haltiner
Adaptation web: Guillaume Martinez
"Longue tradition humanitaire"
La présence d'Alain Berset en Centrafrique est liée, selon lui, à une spécificité helvétique. "Nous avons une très longue tradition humanitaire en Suisse, nous jouissons dans le monde entier d'un très grand respect. Nous sommes connus pour notre force dans le dialogue et dans la médiation", assure le conseiller fédéral.
"Nous ne sommes pas une superpuissance qui vient défendre ses intérêts directs, mais nous sommes vraiment intéressés à améliorer la situation là où ça peut l'être. C'est ce qui a fait cette réputation incroyable de la Suisse depuis plus de 100 ans."