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Un "détecteur de crème solaire" pour sensibiliser au cancer sur les chantiers

Chaque année, 25'000 cancers de la peau sont diagnostiqués, dont 1000 contractés sur le lieu de travail
Chaque année, 25'000 cancers de la peau sont diagnostiqués, dont 1000 contractés sur le lieu de travail / 19h30 / 1 min. / le 7 mai 2019
Pour la deuxième année consécutive, la SUVA se mobilise contre le risque de cancer de la peau chez les ouvriers. Travail extérieur, protection insuffisante, faible conscience du danger: ces travailleurs sont particulièrement vulnérables aux rayons ultraviolets.

C’est une pause bien particulière pour les ouvriers d’un chantier de la commune fribourgeoise de Courtepin. Un à un, ils défilent devant l’appareil photo de Kumsal Sporel, spécialiste en prévention chez SUVA Fribourg.

Pas question de sourire ou de pose élégante, l’objectif est de discerner les altérations de la peau dues au soleil et les bienfaits de la crème solaire. "L’appareil est totalement défiltré, sans anti-UV comme les appareils modernes. On y a ajouté une focale qui laisse passer la lumière UV", explique Kumsal Sporel.

"Facile ainsi de distinguer les petites taches blanches dues à une altération de la peau, mais aussi et surtout la crème solaire, qui teint le visage en noir, preuve que celui-ci est désormais protégé des rayons UV". Et effectivement, il suffit d’une petite noisette de crème pour que les traits du visage s’estompent dans un noir profond.

"Ils n’ont parfois pas conscience du danger"

Une manière de sensibiliser les ouvriers, particulièrement touchés par les coups de soleil et les mélanomes. "Je trouve ça aberrant de voir parfois un ouvrier travailler torse nu, sans mettre de crème ou de protection", témoigne Daniel, un ouvrier. "Ils n’ont parfois pas conscience du danger".

Kumsal Sporel d’abonder: "Les schémas théoriques, c’est bien, mais voir véritablement son visage, c’est plus émotionnel. Il est plus facile de toucher et donc d’aborder cette problématique avec eux".  La spécialiste compte bien faire le tour des chantiers cet été.

25'000 nouveaux cas par an

C’est la deuxième année que la SUVA s’intéresse à ce phénomène. Mais en tentant d’imposer le port du protège-nuque et de la crème solaire, l’assureur s’était attiré les foudres de la profession.

"On a dû faire machine arrière", acquiesce Gilbert Müller, directeur de SUVA Fribourg. "Aujourd’hui, on n’impose plus, on sensibilise". Le travail est d’autant plus nécessaire que sur les 25'000 nouveaux cas de cancer de la peau chaque année, près d’un millier seraient contractés sur le lieu de travail.

Melchior Oberson

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