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La conciliation entre vie familiale et vie professionnelle stagne en Suisse

Les femmes restent pénalisées dans leur carrière par les conséquences du travail à temps partiel.
Les femmes restent pénalisées dans leur carrière par les conséquences du travail à temps partiel. / 19h30 / 2 min. / le 15 mai 2019
Pour les Suisses, les employeurs ne sont pas devenus plus favorables à la famille en 2019, selon une enquête de Pro Familia publiée mercredi. La conciliation entre vie familiale et vie professionnelle stagne par rapport à l'an dernier.

Jongler entre boulot et bébé n'est pas devenu plus simple en 2019. Ni plus compliqué. C'est ce qui ressort de l'enquête "Family Score" de Pro Familia, la faîtière des organisations familiales de Suisse. Considéré comme suffisant pour la première fois l'an dernier, le degré de conciliation entre travail et famille connaît une stagnation.

Seule la possibilité de cumuler les heures supplémentaires pour pouvoir les compenser ultérieurement est considérée comme bien meilleure, selon cette enquête représentative menée en mars auprès de 750 employés du pays.

Les autres offres proposées par les entreprises ne s'améliorent pas, d'après les employés sondés. Certaines connaissent même une baisse, à l'image de l'accès au temps partiel ou l'offre d'horaires flexibles:

Un chemin encore long

Pour Philippe Gnaegi, directeur de Pro Familia Suisse, le chemin à faire pour atteindre un véritable équilibre entre travail et famille est encore long. Il souligne qu'en Suisse, la part des femmes qui participent au marché du travail est particulièrement élevée en comparaison internationale. Mais les Suissesses sont aussi championnes du temps partiel. Soit un modèle familial qui reste traditionnel.

"Cela signifie que la conciliation fonctionne parce que les femmes continuent de prendre en charge une partie très importante du travail familial", analyse dans le 12h45 la sociologue Isabel Boni-Le Goff.

"Un travail qui n'est pas rémunéré et qui a un impact sur leur trajectoire professionnelle", rappelle la coresponsable du centre en études genre de l'Université de Lausanne.

>> Revoir l'interview d'Isabel Boni-Le Goff dans le 12h45 :

Rendez-vous société: concilier travail et famille reste un défi en Suisse. L'éclairage d'Isabel Boni-Le Goff, sociologue.
Rendez-vous société: concilier travail et famille reste un défi en Suisse. L'éclairage d'Isabel Boni-Le Goff, sociologue. / 12h45 / 10 min. / le 15 mai 2019

>> Lire aussi : "Pour les femmes, le temps partiel reste un frein clair dans une carrière"

Près de deux tiers des mères réduisent leur volume de travail

Après la naissance de leur(s) enfant(s), pères et mères réagissent différemment. Plus de 62% des mamans réduisent leur volume de travail pour pouvoir s'occuper de leur progéniture, contre 14,9% des papas, selon l'Enquête suisse sur la population active de l'Office fédéral de la statistique publiée fin avril.

Par ailleurs, près de deux fois plus de mères que de pères changent d'emploi pour mieux concilier vie professionnelle et vie familiale. La proportion des mères qui modifient leurs horaires de travail ou qui assument des tâches moins exigeantes est également plus importante:

>> Les explications de Fanny Moille dans le 19h30 :

Fanny Moille détaille les chiffres 2018 qui sont éloquents: le temps partiel concerne 14,9% des hommes, 57,9% des femmes.
Fanny Moille détaille les chiffres 2018 qui sont éloquents: le temps partiel concerne 14,9% des hommes, 57,9% des femmes. / 19h30 / 1 min. / le 15 mai 2019

Un besoin de politiques en matière de parentalité partagée

En clair, la parentalité est encore construite autour de la mère en Suisse, juge Isabel Boni-Le Goff. Pour faire évoluer la conciliation travail-famille, "il faut à mon sens qu'il y ait à la fois des politiques publiques et des politiques d'entreprises qui marchent de concert, notamment en matière de parentalité partagée", affirme la sociologue.

Et de citer l'exemple de la Suède qui offre aux deux parents un congé de 480 jours, partagé et non-transférable. "Ces politiques ont de vrais effets, mais cela suppose aussi que les entreprises jouent un rôle", estime Isabel Boni-Le Goff. Pour rappel, en mars dernier, les milieux économiques suisses jugeaient encore trop coûteuse l'idée d'un congé paternité de deux semaines, soutenue par une majorité de partis.

>> Lire : Le congé paternité de deux semaines ne séduit pas les milieux économiques

Reste que concilier vie professionnelle et vie familiale demeure un défi pour les jeunes parents. Certains se tournent alors vers des services d'un nouveau genre. Dont les baby planners, qui soutiennent les couples en leur offrant des conseils divers et variés, allant du choix de la poussette à l'allaitement au travail. Une solution pour trouver l'équilibre qui a néanmoins un coût.

Les services de coaching pour futurs parents émergent en Suisse
Les services de coaching pour futurs parents émergent en Suisse / L'actu en vidéo / 2 min. / le 15 mai 2019

>> Une tendance à découvrir en vidéo:

Article web: Tamara Muncanovic

Interviews TV: Fanny Moille

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