«Certains requérants d'asile déboutés reviennent continuellement
à la charge, parfois pendant dix ans», déplore la ministre de
justice et police dans une interview parue samedi dans la
Mittelland Zeitung et la Südostschweiz .
C'est pourquoi elle souhaite introduire «une procédure écrite,
simple et exécutable immédiatement». Eveline Widmer-Schlumpf est en
revanche prête à mettre de l'eau dans son vin concernant les
demandes déposées dans les ambassades suisses à l'étranger. Sa
proposition de supprimer cette possibilité a été particulièrement
contestée lors de la procédure de consultation.
Négocier avec l'UE
La conseillère fédérale veut en revanche éviter que, dans le
cadre de l'accord de Dublin, la Suisse soit considérée comme le
premier pays concerné quand une personne s'adresse à une ambassade
helvétique.
La Confédération serait sinon obligée d'inclure ce requérant dans
sa procédure d'asile quand bien même celui-ci aurait ensuite aussi
déposé une demande dans un autre pays. «Nous sommes en train de
voir qu'elle est la position de l'Union européenne à ce propos»,
indique la ministre.
Durant les quatre premiers mois d'application de Dublin, en
vigueur depuis décembre, la Suisse a demandé le transfert de plus
de 1000 cas. Sur ce nombre, 140 personnes sont déjà reparties dans
les Etats européens concernés et 424 s'apprêtent à devoir faire de
même.
Limiter l'afflux de Tamouls
Dans cette interview, Eveline Widmer Schlumpf évoque également
la situation au Sri Lanka . Elle
s'attend à ce que davantage de Tamouls déposent une demande d'asile
ces prochains mois. Mais une admission ne leur est pas garantie.
Chaque cas sera examiné individuellement, selon la ministre.
La Suisse n'acceptera pas les personnes qui ne sont pas menacées
dans le sud-ouest du pays ou dans la région de Colombo et qui
bénéficient d'un réseau de relations dans ces zones, a indiqué la
ministre. En revanche, personne ne devrait être renvoyé dans le
nord ou l'est de l'île.
ats/sbo
Départs à l'ODM: la ministre s'explique
Eveline Widmer-Schlumpf défend le bien-fondé du départ du directeur et du vice-directeur de l'Office fédéral des migrations (ODM). «Quand un homme fait quelque chose du genre, on considère souvent cela comme une force», justifie-t-elle.
Le Conseil fédéral a nommé le 13 mai Eduard Gnesa, 57 ans, ambassadeur extraordinaire chargé de la collaboration internationale dans le domaine des migrations. Celui-ci quittera l'ODM au 1er juin et rejoindra le Département fédéral des affaires étrangères en septembre.
«J'étais d'avis que Eduard Gnesa ne pouvait pas diriger simultanément un gros office fédéral», a fait valoir la ministre de justice et police samedi dans une interview à la «Mittellandzeitung» et à la «Südostschweiz».
Le vice-directeur de l'ODM, Urs Betschard, quitte également ses fonctions actuelles. Pour Eveline Widmer-Schlumpf, le nouveau directeur doit pouvoir choisir lui-même son équipe. Un audit est par ailleurs en cours à l'ODM.
Les structures de l'office font actuellement l'objet d'une analyse de l'ancien conseiller d'Etat zougois Hanspeter Uster. Les résultats sont attendus en été.