Terre des hommes va licencier 60 personnes, un quart de son effectif
Terre des hommes (Tdh) est la plus grande organisation suisse d’aide à l’enfance. Elle a été créée en 1960 par Edmond Kaiser. Sur son site, Tdh explique venir en aide à près de quatre millions d’enfants et membres de leurs communautés dans plus de 40 pays. En 2017, la fondation employait 140 collaborateurs en Suisse et 110 à l’étranger au bénéfice d’un contrat suisse.
Pour soutenir ses actions, Terre des hommes bénéficie d'un budget de 102 millions de francs, selon les chiffres de 2017. Pourtant, ce budget ne suffit plus et la fondation traverse une grave crise depuis des mois.
Les raisons de la crise
Selon des sources à l’intérieur de la fondation, trois facteurs clefs expliquent les difficultés de Tdh. Comme les autres organisations humanitaires suisse, Tdh a perdu l’accès aux fonds européens pour l’humanitaire depuis le début de l’année.
Les services juridiques de l’Union européenne ont déterminé que les ONG situées dans un pays non membre ne peuvent plus toucher une part du magot d’un milliard d’euros. Les ONG suisses sont donc exclues d’une des plus grandes sources financières dans l’humanitaire en Europe.
Le second problème est plus structurel. Interrogé par la RTS, un collaborateur qui souhaite rester anonyme estime que l’ONG aurait grandi trop vite. Tdh a lancé des projets sans capacité financière solide. Beaucoup de projets dans l’humanitaire auraient notamment pu être financés par les fonds européens.
L’humanitaire ne fait plus recette
Le manque de crise internationale médiatique explique également les problèmes financiers de Tdh. Les dons se font rares, et depuis plusieurs années, il n’y a pas eu de grandes crises médiatisées qui auraient rapporté de l’argent.
Selon Anne Roulet, chargée de communication à la Fédération vaudoise de coopération (FEDEVACO), "les personnes privées sont de plus en plus sollicitées par les ONG, il est de plus en plus difficile de récolter de l’argent pour l’humanitaire".
Une situation qui se ressent dans toute la branche. En mars 2019, l’Entraide Protestante Suisse (EPER) avait elle aussi annoncé des licenciements. Six personnes ont été touchées, particulièrement au niveau de l’administration et de la communication. Les difficultés économiques d’EPER l'avait également contrainte à stopper plusieurs projets à l’étranger.
François Ruchti