La banque de donnée anti-hooligans recensait 506 personnes fin
2008. Soit 300 de plus qu'en 2007, selon le dernier rapport sur la
sécurité intérieure de l'Office fédéral de la police
(fedpol).
Dans l'ensemble, fedpol estime à 1500 les personnes enclines à la
violence et à 250 les hooligans avec un fort potentiel de violence.
Les débordements récurrents donnent à penser que le dispositif
actuel ne va pas assez loin. Après les heurts lors de la finale de la Coupe de Suisse à Berne,
l'annulation d'un match de 1ère ligue à St-Gall samedi est encore venue le
montrer (lire ci-contre).
Fouilles pas assez poussées
Le responsable de la sécurité pour l'Association suisse de
football (ASF) pointe du doigt les bases légales insuffisantes
régulant l'activité des agents de sécurité privés dans les stades.
«Une vraie fouille n'est pas autorisée à l'entrée», déplore Ulrich
Pfister. Les zones intimes restent taboues. Or c'est précisément là
que sont dissimulés les fumigènes.
Les quelque 370 agents engagés pour la finale de la Coupe suisse
entre le FC Sion et Young Boys mercredi à Berne n'ont pas pu
empêcher la présence dans les gradins de tels engins. S'opposer à
leur utilisation est dangereux.
«Les supporters sont solidaires et le personnel du stade se
retrouve immédiatement confronté à 500 spectateurs hostiles. Ce qui
peut mener à une interruption de la partie», d'après Ulrich
Pfister.
Loi trop clémente?
Les forces de l'ordre font
ce qu'elles peuvent avec les lois en vigueur, souligne pour sa part
la vice-présidente de la Conférence des directeurs des départements
cantonaux de justice et police Karin Keller-Sutter. Reste à savoir
si leur marge de manoeuvre est suffisante. «En comparaison
internationale, notre législation est relativement clémente.»
Ainsi, en Angleterre, le non respect d'une interdiction de stade
peut être puni d'une peine de prison jusqu'à six mois, illustre la
conseillère d'Etat saint-galloise. Quant aux spectateurs qui
utilisent des fumigènes ou qui pénètrent sur la pelouse, ils
risquent des amendes salées.
En Suisse, le profil type des supporters violents: de jeunes
hommes âgés de 19 à 24 ans. Les clubs ont prononcé l'an dernier une
interdiction de stade contre 185 personnes. La police, de son côté,
a infligé une interdiction de périmètre à 164 individus.
Ce sont avant tout des fauteurs de trouble gravitant autour du FC
Bâle qui sont enregistrés, suivis du FC Lucerne et du FC St-Gall.
La majorité ne vit toutefois pas sur les bords du Rhin, mais dans
les canton de Zurich (89), Lucerne (63), St-Gall (45) et Berne
(44).
A chacun sa recette
A titre de pistes d'amélioration, Ulrich Pfister prône des
concepts uniformes de formation pour les agents de sécurité ainsi
que de prévention et d'encadrement des fans.
Pour Charles Beuret, il convient avant tout de sensibiliser les
supporters. Il verrait d'un bon oeil que ceux qui violent la loi
soient immédiatement sanctionnés ou que les médias s'abstiennent de
diffuser des images de fumigènes et de hooligans en action.
Le municipal bernois en charge de la police Hans-Jürg Käser
appelle aussi à plus de sévérité, de la part de tous les acteurs.
On doit pouvoir procéder à des arrestations avant, pendant et après
un match. Dans des interviews parues samedi, il a soutenu la
surveillance vidéo dans et autour du Stade de Suisse.
Comme le relève Karin Keller-Sutter, «le phénomène a gagné
massivement en importance ces deux dernières années». Et le
problème est d'autant plus complexe qu'il ne s'agit pas simplement
de fans frustrés après un match, mais de pros des émeutes qui
utilisent le sport pour se défouler.
ats/sbo
Ueli Maurer réclame des mesures plus sévères
Le conseiller fédéral Ueli Maurer demande l'application conséquente de la loi contre le hooliganisme. Dans des interviews à la "SonntagsZeitung" et à "Sonntag", le conseiller fédéral Ueli Maurer a réitéré son appel à une application conséquente et unifiée de la loi contre le hooliganisme en Suisse.
Le chef du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) demande notamment que les photos des fauteurs de trouble soient publiées sur internet et que des sanctions soient prises sur leur lieu de travail.
"Un patron ne doit plus tolérer qu'un de ses employés occupe son temps libre le week-end à semer le chaos dans et à l'extérieur des stades et revienne travailler en cravate le lundi", a-t-il déclaré. Ce sont des agissements criminels.
Violentes bagarres samedi à St-Gall
Samedi lors de la rencontre opposant les moins de 21 ans de St-Gall et Grasshoppers, environ 50 personnes vêtues de noir et en partie cagoulées ont foncé sur une centaine de fans zurichois, dont des enfants.
Ils leur ont lancé toutes sortes d'objets. Un Zurichois a été légèrement blessé.
Les violences ont débuté alors que les deux équipes s'échauffaient sur le terrain. Lorsque la police est arrivée sur les lieux, des personnes des deux camps se bagarraient.
Celles vêtues de noir ont ensuite pris la fuite, mais la police en a reconnu quelques-uns appartenant à des groupes à problèmes gravitant dans le milieu des fans st-gallois.
Plusieurs personnes ont été contrôlées mais aucune interpellée, a précisé à un porte-parole de la police.
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La violence s'étend aux ligues inférieures
Le match de samedi a montré que les ligues inférieures ne sont pas épargnés par les violences, bien au contraire.
La tendance est à une recrudescence des heurts, les contrôles étant moins sévères pour ces rencontres, constate l'Office fédéral de la police (fedpol).
Les hooligans frappés d'une interdiction de stade nationale ont ainsi plus souvent assisté à des matches dans des ligues inférieures, d'après le rapport 2008 sur la sécurité intérieure.
Fedpol se veut toutefois rassurant pour l'avenir. Il part de l'idée que les mesures adoptées vont déployer leurs effets et que la scène va se calmer.
Elaborée en vue de l'Euro 2008, la loi sur le hooliganisme dans les manifestations sportives en vigueur depuis janvier 2007 prévoit plusieurs instruments (interdiction de périmètre, de voyage, et jusqu'à la garde à vue, stade ultime de ce dispositif en cascade) ainsi qu'une banque de données recensant les fauteurs de trouble.