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Primes maladie: Couchepin persiste et signe

La discrétion du président de la Confédération étonne.
Pascal Couchepin maintient sa taxe de consultation.
Le Conseil fédéral a adopté vendredi la série de mesures proposées par le ministre de la Santé, dont la très controversée taxe de consultation. Les Chambres fédérales se prononceront cet automne.

Le paquet, qui devrait entrer en vigueur en 2010 et être
appliqué jusqu'en 2012, a été présenté aux milieux concernés lors
d'une consultation menée au pas de charge. Outre les mesures
proposées, cette manière de faire a provoqué une forte grogne. Ce
qui n'a pas semblé perturber Pascal Couchepin.

"Ces mesures ne sont pas toutes agréables mais elles sont
nécessaires. On ne peut pas regarder l'évolution des coûts comme un
cantonnier, appuyé sur sa pelle, regarde les cailloux tomber". Et
d'affirmer qu'il n'y avait "ni miracle, ni idée géniale". Très en
verve, le conseiller fédéral n'a pas voulu dire si le paquet
pourrait encore réduire la hausse de 15% qui frappera les primes en
2010. "Aux assureurs de faire leurs calculs".

Quote-part abaissée

Pascal Couchepin veut introduire un "ticket modérateur" de 30
francs pour les visites chez un médecin ou dans un service
hospitalier ambulatoire. Cette taxe, payée cash, ne serait
toutefois pas perçue auprès des mineurs et des femmes enceintes, ni
auprès des personnes consultant dans le cadre d'un programme
cantonal de vaccination. Elle ne serait plus perçue pas non plus
dès la septième consultation afin de ne pas pénaliser les malades
chroniques.



Cette mesure est sans conteste la plus controversée de celles
proposées par Pascal Couchepin, comme en témoigne l'interview que nous a accordée
Monika Dusong, président de la Fédération romande des consommateurs
(FRC). Ainsi, pour faire passer la pilule, le ministre de la Santé
a prévu d'abaisser parallèlement le montant maximal de la
quote-part - la part de la facture non remboursée par l'assurance -
de 700 à 600 francs par an.



Le conseiller fédéral a écarté la proposition d'une taxe
échelonnée (généraliste gratuit, spécialiste plus cher, ambulatoire
hospitalier encore plus cher), jugeant ce système trop compliqué.
Même refus concernant un prélèvement limité à l'ambulatoire
hospitalier ou aux urgences dans les hôpitaux. Et Pascal Couchepin
d'affirmer qu'il ne s'agit pas de punir les patients. Comme la
nourriture, la santé se paie. "On ne vit pas dans un monde enfantin
où tout peut se prélever sur un arbre de cocagne".

Ligne téléphonique gratuite

Au lieu de se rendre directement chez le médecin, les patients
seraient priés de consulter un service de conseil téléphonique
disponible gratuitement 24 heures sur 24. Les caisses maladie
mettraient sur pied ce service. Mais son exploitation serait assuré
par des professionnels de la santé, qui ne devront transmettre
aucune donnée aux assureurs.



Le ministre de la santé a prédit un grand avenir à ce genre de
télémédecine. Reste qu'en la généralisant, il ne serait plus
possible d'obtenir un rabais de primes en optant pour un tel
système dans le cadre d'une assurance alternative.



Le gouvernement veut aussi agir contre les franchises à option
(450 à 2500 francs) permettant de réduire sa prime. Les contrats
seraient bloqués pendant deux ans. Cette restriction vise à
empêcher les assurés d'opter continuellement pour une franchise
plus élevée, ce qui fait perdre de l'argent à l'assurance.



ats/dk

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Les assurés pas oubliés

Toutes les mesures ne devraient pas se faire au détriment de l'assuré. Le Conseil fédéral est en effet prêt à délier les cordons de la bourse. Il veut augmenter en 2010 de 200 millions la manne fédérale de quelque deux milliards destinées à diminuer les primes de certains assurés. La situation sera réévaluée ensuite.

Le gouvernement veut par ailleurs pouvoir agir sur les tarifs des soins ambulatoires. Cette nouvelle compétence, qui ne serait toutefois utilisée qu'en ultime recours, lui permettrait d'abaisser les tarifs de 10% au maximum pour une année si la hausse des coûts dans un canton est supérieure de deux points à la moyenne suisse.

Les cantons sont également appelés à "ne plus se cacher derrière un tas d'excuses" pour réguler l'offre ambulatoire en hôpital. Ils devraient en définir le contenu et la portée dans le cadre de mandats de prestations.

Enfin, les assureurs devraient communiquer chaque trimestre, puis à terme chaque mois, à l'Office fédéral de la santé publique les données nécessaires à la surveillance des coûts.

Les prix des médicaments dans le viseur

Comme promis, Pascal Couchepin fera aussi de nouvelles propositions visant à réduire le prix des médicaments. Mais le Valaisan veut présenter ce volet dans un deuxième temps, d'ici les vacances d'été.

Parmi les correctifs souhaités par plusieurs organisations, figure une adaptation de la corbeille des pays pris en considération pour la comparaison internationale des prix. Une intervention est prévue dans ce domaine. Les services de Pascal Couchepin ont annoncé qu'elle aura lieu par voie d'ordonnance, donc sans consultation du Parlement.