Les chiffres publiés par l'hebdomadaire alémanique émanent d'une étude de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales (CDAS).
Au total, 487 demandes de protection ont été refusées en 2018, sur un total de 1771, en raison d'un manque de place ou de personnel. Mais 806 autres personnes n'ont pas été admises pour d'autres raisons.
Retour dans l'environnement hostile
Ce sont donc près de la moitié des demandes qui ont été rejetées, et seulement 41% des femmes refusées ont pu avoir une place dans un autre refuge. Les autres se sont retrouvées dans des refuges sans protection ni soins ou sont retournées dans l'environnement privé qu'elles cherchaient à quitter.
Les 965 personnes admises dans ces maisons d'hébergement l'année dernière ont passé en moyenne 37 jours dans une de ces structures.
Appel à un meilleur financement
Lors de leur assemblée annuelle, jeudi et vendredi à Heiden (AR), en présence de la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, les directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales se sont penchés sur la prévention de cette violence contre les femmes et la violence domestique en général. Le secrétariat général de la CDAS a été chargé d'élaborer des recommandations allant dans ce sens.
Concrètement, les responsables cantonaux ont franchi des étapes dans la mise en œuvre de la Convention d’Istanbul, qui veut améliorer l’accès à l’aide aux victimes et définir des mesures de suivi, sur la base d’une analyse des refuges (maisons d’accueil pour femmes).
Un site dédié à l'aide aux victimes
Les réfugiées touchées par la violence en Suisse constituent un autre sujet important, souligne la CDAS sur son site: les membres de la conférence entendent approfondir dans les mois à venir la manière de les soutenir efficacement.
La CDAS gère le site web www.aide-aux-victimes.ch, qui fournit aux victimes des renseignements importants sur les prestations de soutien et de conseil. En collaboration avec la Confédération (Office fédéral de la justice, Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes), le site internet a été soumis à une refonte complète dans le but de faciliter l’accès à l’aide.
oang avec ats
Une situation qui change selon les cantons
"Il y a encore beaucoup de cantons pour lesquels les moyens ne sont pas suffisants pour offrir des places d'hébergement en nombre pour les personnes victimes de violences conjugales et leurs enfants", reconnaît Michèle Gigandet, co-directrice du centre Malley-Prairie, qui soutient les victimes de violences conjugales, et du centre de prévention de l'Ale, qui vient en aide aux auteurs de violence, afin d'éviter la récidive.
Elle souligne que le canton de Vaud "est bien loti", avec "un Etat qui s'est fortement engagé ces dernières années". Mais elle admet que les refus sont encore fréquents. "Il y a eu toute une période, en 2013-204, où on refusait systématiquement nombre de femmes", explique-t-elle.
Difficile pourtant de dire que la violence conjugale augmente en Suisse. "Il n'y a pas vraiment de statistique. On a celles de l'Office fédéral de la statistique, mais elles concernent les situations dénoncées à la police, donc de loin pas toutes. Elles montrent une évolution qui semble relativement stable. Ce qui change, c'est que les femmes connaissent beaucoup plus, et plus rapidement, des structures comme Malley-Prairie", observe Michèle Gigandet.
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