Les commissions de gestion du Parlement ont entendu lundi le procureur de la Confédération Michael Lauber pour déterminer s'il peut aspirer ou non à un nouveau mandat à la tête du MPC.
L'audition a démarré peu avant midi. Avant de recevoir le procureur de la Confédération, les commissions ont posé leurs questions durant près d'une heure et demie au président de l'autorité de surveillance du Ministère public de la Confédération (MPC) Hanspeter Uster.
A la sortie de son audition, ce dernier n'a pas souhaité faire de commentaire, se réfugiant derrière le secret de la commission. "J'ai dit ce que je voulais dire", a-t-il seulement indiqué.
La présidente de la commission de gestion du Conseil des Etats Anne Seydoux (PDC/JU) n'a pas non plus souhaité s'exprimer. Aucune décision n'a encore été prise, a-t-elle toutefois précisé en fin de journée. Les commissions se retrouvent mardi matin. Elles prendront leur décision au cours de cette nouvelle séance.
Enquête ouverte
L'Autorité de surveillance du MPC a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête pour éclaircir si le procureur a commis d'éventuelles violations de ses devoirs de fonction dans le cadre des procédures sur la FIFA. Michael Lauber a déposé une requête contre l'Autorité de surveillance du Ministère public de la Confédération auprès des commissions de gestion.
La décision tombe à un très mauvais moment pour Michael Lauber, car le Parlement doit décider en juin s'il le reconduit dans ses fonctions pour la période 2020-2023. La commission judiciaire des Chambres fédérales donnera sa recommandation mercredi soir.
Au coeur de la tourmente, des rencontres informelles avec le président de la FIFA Gianni Infantino. Servant à discuter de la suite de la procédure, de telles séances ne sont pas problématiques en tant que telles. Mais le procureur aurait dû les documenter, et l'autorité de surveillance lui a recommandé de le faire l'an dernier.
Troisième rencontre
Elément crucial pour l'ouverture de l'enquête disciplinaire, Michael Lauber a tu une troisième entrevue. En novembre 2018, il avait déclaré qu'il n'y en avait eu que deux (en 2016). Aucun des participants supposés à la troisième rencontre en 2017 ne s'en rappelle.
L'enquête disciplinaire sera confiée à un expert externe. Son nom sera communiqué séparément au public. Michael Lauber risque un avertissement, un blâme ou une réduction de salaire de 10% pendant un an au plus.
ats/sjaq
"Il est important que la confiance soit rétablie"
Le procureur général de la Confédération sera-t-il réélu? "C'est une décision qui appartient aux Chambres. Il est important maintenant que la confiance soit rétablie entre l'autorité politique et l'autorité judiciaire (...) et aussi vis à vis du citoyen", répond l'ancien procureur général suppléant de la Confédération et ancien conseiller d'Etat neuchâtelois Claude Nicati, aujourd'hui avocat à Neuchâtel.
Et d'ajouter: "Le Ministère public de la Confédération est une entité très importante, chargée de tâche très spécifiques dans le domaine très pointu de la criminalité économique, de la criminalité organisée, et pour cela il faut vraiment que cette confiance existe".
Interrogé sur la ligne de défense de Michael Lauber, qui évoque une crise institutionnelle entre lui-même et son autorité de surveillance, Claude Nicati dit pourtant avoir "quelque peine à comprendre cette analyse (...). Il est absolument normal que toute autorité ait une autorité qui la surveille".
"Sur quoi débouchera l'enquête, je suis dans l'incapacité de vous le dire. Mais dans ce dossier, il y a eu des erreurs de procédure qui me semblent relativement claires, même si d'aucuns estiment que ce n'est pas le cas", estime-t-il.
Son interview complète dans La Matinale de mardi: