Les mesures communiquées mercredi par le Conseil fédéral s'inscrivent dans le prolongement de l'adoption de l'initiative contre l'immigration de masse adoptée par le peuple en 2014.
En renforçant l'attractivité des travailleurs de plus de 50 ans et des étrangers qui sont déjà installés en Suisse, elles visent à limiter l'immigration de nouveaux travailleurs.
Nouveau filet social pour les plus de 60 ans
La mesure phare de ce train de mesures est toutefois l'instauration d'une rente transitoire pour les chômeurs en fin de droit de plus de 60 ans qui ne parviennent pas à retrouver un emploi malgré leurs efforts. Entre le moment où leur droit aux indemnités de chômage s'éteint et celui où ils atteignent l'âge de la retraite, ils sont actuellement tributaires de l'aide sociale.
Ce nouveau filet social comblera, selon les mots du Conseil fédéral, une "lacune du système des assurances sociales". Son coût est estimé à environ 95 millions de francs l'année de son entrée en vigueur. Pour bénéficier de cette aide, les chômeurs devront avoir cotisé au minimum durant vingt ans.
Eviter l'aide sociale
Le 5 mai dernier, la faîtière syndicale Travail Suisse avait fait part de son inquiétude face à la détérioration de la situation des plus de 50 ans sur le marché du travail, relevant que ce groupe était le seul à souffrir d'un taux de chômage supérieur à celui enregistré il y a cinq ans. En parallèle, le taux d'aide sociale chez les 56-64 ans a doublé au cours des dix dernières années.
"On parle d'individus qui ont travaillé 30, 40 ans, qui étaient intégrés, et qui tout à coup se retrouvent à l'aide sociale. Pour les personnes concernées, c'est extrêmement important", a commenté le conseiller fédéral Alain Berset dans l'émission Forum de la RTS.
Formations facilitées
Plusieurs autres mesures doivent éviter aux travailleurs âgés d'être évincés du marché du travail avant la retraite. Ils pourront bénéficier gratuitement d'un bilan professionnel, d'une évaluation de potentiel et d'un conseil de carrière, faire valider plus facilement des formations et des perfectionnements ou encore profiter d'une offre de conseil étendue et renforcée dans les offices régionaux de placement.
Enfin, un accès facilité à des mesures de formation ou d’emploi est prévu pour les chômeurs en fin de droit de plus 60 ans. Actuellement, ils ne peuvent plus en bénéficier une fois leur droit aux indemnités échu. Le Conseil fédéral estime le coût de cette mesure à 21 millions de francs sur la période 2020 à 2022. Plus de 2600 personnes pourraient en profiter.
Syndicats et PLR sur la même longueur d'onde
Ce nouveau bouquet de mesures s'ajoute à celles déjà entrées en vigueur en juillet 2018, comme l'obligation de réserver temporairement l'annonce de certains postes vacants aux offices de placement ou l'adoption de mesures pour concilier vie professionnelle et vie privée.
Chose rare, le PLR et l'Union syndicale suisse (USS) sont sur la même ligne et saluent l'annonce du Conseil fédéral, notamment dans la perspective de la nouvelle votation à venir sur la libre circulation des personnes. "Si on ne faisait rien pour atténuer les effets de la libre circulation sur le monde du travail, l'issue de la discussion serait extrêmement incertaine", commente ainsi le conseiller national PLR genevois Benoît Genecand.
"Il y a tout une partie de la population qui n'a pas encore reçu les bénéfices de la croissance de ces dernières années, consécutive notamment à l'adoption des accords bilatéraux et de la libre circulation des personnes. Maintenant, il faut enclencher des mesures pour que l'ensemble de la population puisse en bénéficier", insiste de son côté le nouveau président de l'USS Pierre-Yves Maillard.
Thibaut Schaller / Vincent Cherpillod avec ats
Mieux intégrer les étrangers déjà en Suisse
Le Conseil fédéral a également mis sur la table un autre moyen de limiter l'arrivée de nouveaux travailleurs étrangers: améliorer l'intégration professionnelle de ceux qui sont déjà sur place en ouvrant le "préapprentissage d'intégration" aux jeunes étrangers arrivés en Suisse en dehors du domaine de l'asile. Jusqu'ici, il était réservé aux réfugiés et personnes admises à titre provisoire et a permis à 700 d'entre eux de bénéficier d'une préparation ciblée à l'apprentissage.
Le gouvernement va également lancer un projet pilote de soutien financier pour les réfugiés et les personnes admises à titre provisoire difficiles à placer sur le marché de l'emploi. Les employeurs recevront des allocations d'initiation au travail. Le but visé est que l'employé décroche un contrat de travail de longue durée. La Confédération entend contribuer au programme à hauteur de 11,4 millions de francs sur trois ans.