Des caméras partout, toutes plus sophistiquées les unes que les autres. Leur tâche principale est de savoir qui vous êtes et pourquoi vous vous trouvez à tel endroit et à tel moment. C'est ce qu'on appelle la surveillance live à l'aide de la reconnaissance faciale. En Chine, ce système est poussé à l'extrême.
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Mercredi, San Francisco est devenue la première ville américaine à bannir l'utilisation d'outils de reconnaissance faciale par la police ou les agences du gouvernement. "Nous avons une très bonne police, mais nous ne voulons pas vivre dans un Etat policier", a justifié Aaron Peskin, conseiller municipal de San Francisco.
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Des images partout en Suisse
En Suisse, l'institut de recherche Idiap, situé à Martigny, travaille sur le développement technologique de la reconnaissance faciale. Un domaine ultra-sensible.
"Notre travail de reconnaissance faciale en général est de développer des algorithmes, des méthodes qui reconnaissent bien les visages, mais aussi d'étudier les limites pour développer des systèmes encore plus sûrs", explique le directeur de l'institut Idiap.
Aujourd'hui, ces images de vidéo surveillance sont utilisées partout: durant les achats, lors de paiements ou de retraits d'argent. L'oeil des caméras surveille tout. Des aéroports comme celui de Zurich utilisent cette technique, tout comme les smartphones.
Pas de volonté ni de base légale pour une surveillance vidéo
Et la police suisse? Se sert-elle de cette arme technologique? "En Suisse, la police n'a pas les moyens, ni les ressources, ni la technologie pour faire de la surveillance vidéo en live avec de la reconnaissance faciale. Clairement pas", répond Jean-Christophe Sauterel. Le porte-parole de la police cantonale vaudoise ajoute qu'"il n'y a pas les bases légales pour le faire et il n'y a aucune volonté de la part de la police de fliquer la population".
L'image reste pourtant un outil policier. Avec des caméras de surveillance disséminées un peu partout sur le territoire, les images produites peuvent être utilisées par la police en cas de délit.
"Il est évident qu'avec la multiplication des caméras de surveillance, avec l'amélioration de la technologie, l'introduction de la haute technologie, on a plus d'images à disposition, de meilleure qualité", admet Jean-Christophe Sauterel. Mais cette multiplication impliquerait un plus gros travail de sélection. "C'est là que le programme de reconnaissance faciale va pouvoir aider le policier à faire ce tri de manière semi-automatisée".
A moins que la décision prise par San Francisco ne fasse des émules, jusqu'en Suisse.
"Un bel exemple pour le reste du monde"
Interrogée dans le 19h30, la professeure de l'Université de Lausanne Solange Ghernaouti estime que cette interdiction est "une très bonne initiative et un bel exemple pour le reste du monde." Cette ville au cœur de la Silicon Valley, où toutes ces technologies émergent, "nous dit que ce n’est pas parce qu’on a ces technologies qu’il faut les utiliser, et ça c’est plutôt un bon signal", souligne cette experte internationale en cybersécurité et cyberdéfense.
Or le danger est réel, "c’est la traçabilité, c’est le croisement des bases de données et c’est aussi la capacité de définir des normes comportementales et de vérifier à chaque instant de la vie, du quotidien si les personnes rentrent dans ces normes", rappelle-t-elle.
Thierry Clémence/Feriel Mestiri