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Une femme sur cinq a déjà subi des violences sexuelles en Suisse

Selon une étude GFS Berne, une femme sur cinq a subi un rapport sexuel contre son gré.
Selon une étude GFS Berne, une femme sur cinq a subi un rapport sexuel contre son gré. / 19h30 / 2 min. / le 21 mai 2019
Les violences sexuelles sont bien plus répandues en Suisse qu'on ne le pense. Une femme sur cinq a déjà subi des actes sexuels non consentis. Amnesty International appelle à un durcissement du droit pénal, une position défendue dans le 19h30 par l'élue PLR Isabelle Moret.

Selon le sondage de gfs.bern, commandée par l'ONG, 22% des femmes en Suisse ont déjà subi des actes sexuels non consentis et 12% ont eu un rapport sexuel contre leur gré: "Il est effrayant de voir à quel point peu de femmes parlent de ce qu'elles ont vécu, même dans leur environnement immédiat", a indiqué mardi devant la presse Cloé Jans, de l'institut de sondage.

Près de la moitié des femmes touchées gardent pour elles l'épisode de violence sexuelle. Seulement 8% ont porté plainte auprès de la police. Quant au harcèlement, près de 60% des femmes interrogées ont été victimes de contacts, d'étreintes ou de baisers non désirés, selon les résultats de l'institut qui a interrogé 4500 femmes (lire encadré).

Ignoré des statistiques

"Les résultats de l'enquête sont choquants. Ils révèlent que les cas enregistrés dans les statistiques policières ne sont que la pointe de l'iceberg", déplore Manon Schick, directrice d'Amnesty Suisse: "Seule une femme sur dix ose dénoncer son agression", souligne-t-elle dans le 12h30 de la RTS.

En 2018, 1291 infractions liées à la violation de l'intégrité sexuelle – contrainte sexuelle et viol – ont été enregistrées par la police.

En outre, les agressions sexuelles restent largement impunies en Suisse. Dans une pétition, Amnesty demande à la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter de présenter des propositions de réforme du droit fédéral afin que tous les actes sexuels non consentis soient punissables.

>> Lire : Une plainte après une agression sexuelle, "une procédure douloureuse"

La pétition demande également la formation obligatoire et continue des magistrats, de la police et des avocats à la prise en charge des victimes de violences sexuelles. Elle plaide enfin pour une collecte systématique de données et des études sur le traitement des infractions contre l'intégrité sexuelle dans le système judiciaire suisse.

>> Les précisions de Manon Schick dans le 12h45 :

Manon Schick commente l'étude d'Amnesty International Suisse.
Manon Schick commente l'étude d'Amnesty International Suisse. / 12h45 / 2 min. / le 21 mai 2019

Revoir la définition du viol

"La Suisse dispose d'un droit pénal sexuel obsolète, qui devrait être fondamentalement réformé", résume Nora Scheidegger, experte pour les infractions contre l'intégrité sexuelle. La perception du viol est notamment problématique: le droit suisse (Code Pénal, art. 189 et 190) ne reconnaît le viol que s'il y a contrainte de la part de l'auteur et résistance des victimes.

Or la Convention d'Istanbul, entrée en vigueur en Suisse l'an dernier, exige clairement que l'absence de consentement soit au centre de toute définition juridique du viol et des autres formes de violences sexuelles. Aujourd'hui en Suisse, de nombreuses victimes sont en position de faiblesse devant les tribunaux.

L'automne dernier, le Conseil national a accepté une motion de Laurence Fehlmann Rielle (PS/GE) pour élargir dans le Code pénal la notion de viol et y intégrer la dimension de contrainte. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.

>> Ecouter le débat entre Laurence Fehlmann Rielle et Philippe Bauer dans Forum :

Philippe Bauer conseiller national (PLR/NE) et Laurence Fehlmann Rielle conseillère nationale (PS/GE). [Keystone]Keystone
Violences sexuelles envers les femmes en Suisse: débat entre Laurence Fehlmann Rielle et Philippe Bauer / Forum / 13 min. / le 21 mai 2019

>> Lire aussi : Le Conseil fédéral veut élargir la notion de viol dans le code pénal

Soutien de poids à droite

Sur la plateau du 19h30, Isabelle Moret s'est dit favorable à une modification du Code pénal. La conseillère nationale PLR vaudoise estime qu'un rapport sexuel "doit avoir le consentement du partenaire. Si quelqu'un dit non, c'est un viol". Pour Isabelle Moret, qui deviendra la première citoyenne du pays en présidant le Conseil national en 2020,  "il n'est pas acceptable qu'aujourd'hui ce soit à la femme de prouver qu'elle a subi une contrainte".

Libéraux radicaux divisés

Le PLR ne sera pas unanime face à la  révision du code pénal. Andrea Caroni, conseiller aux Etats appenzellois, a défendu le cadre de loi actuel, toujours dans le 19h30: "Aujourd'hui déjà, si une femme dit non et que l'homme continue, c'est déjà reconnu comme du harcèlement sexuel. Et s'il utilise de la violence ou des menaces, c'est considéré comme du viol".

>> Ecouter l'interview complète d'Isabelle Moret dans le 19h30 :

Isabelle Moret: "Aujourd'hui une femme doit prouver qu'elle a été victime d'une contrainte. C'est inacceptable."
Isabelle Moret: "Aujourd'hui une femme doit prouver qu'elle a été victime d'une contrainte. C'est inacceptable." / 19h30 / 2 min. / le 21 mai 2019

sjaq/lan avec ats

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Méthodologie du sondage

Un total de 4495 femmes et jeunes filles de 16 ans et plus vivant en Suisse ont été interrogées par téléphone et en ligne entre le 16 mars et le 15 avril 2019.

Trois méthodes d’enquête – téléphonique, panel en ligne et questionnaire participatif en ligne – ont été combinées, puis pondérées pour que les résultats soient représentatifs pour toutes les femmes en Suisse.