Le film de reconstitution montre l'accusée dans la chambre à
coucher de l'appartement genevois d'Edouard Stern, en présence du
juge d'instruction, du procureur général, d'avocats et
d'inspecteurs de police.
Un policier vêtu d'une combinaison blanche et portant une cagoule
adopte, sur les indications de Cécile B. en larmes, la position de
la victime au moment des faits. Le juge demande ensuite à l'accusée
de reproduire les gestes du 28 février 2005. Dans la salle de la
Cour d'assises, Cécile B., tête basse, en pleurs, n'a pas regardé
le film et s'est bouché les oreilles pour ne rien entendre. C'est
sur le visionnement de cette reconstitution que s'est close la
première semaine de débats.
Témoins de la défense à la barre
Le reste de la journée a été consacré à l'audition des témoins
de la défense, des proches de Cécile B., qui ont apporté une
version plus sombre d'Edouard Stern. Gaie, dynamique, équilibrée,
pleine de vie avant de rencontrer Edouard Stern, Cécile B. est
devenue perturbée, angoissée, puis dépressive au fil de sa relation
avec son amant, ont rapporté les témoins.
Ils ont expliqué que le banquier harcelait sa maîtresse par
téléphone, la surveillait à la jumelle à son domicile de Clarens,
venait tambouriner à la porte de son appartement en pleine nuit,
lui faisait des promesses puis changeait sans cesse d'avis.
"Cécile était dévastée par la
souffrance", a expliqué un galeriste parisien, ami du couple.
"Edouard me harassait de coups de téléphone pour savoir où elle se
trouvait. Même pour les amis cela devenait difficile. Il y avait
quelque chose qui n'était pas normal".
Une Russe, amie de Cécile B., a confirmé ce portrait. Elle a
participé à une partie à trois avec les deux amants, au cours de
laquelle Edouard Stern s'est montré très froid. Les deux filles
avaient dû s'habiller en écolières.
Personnalité lunatique
Une fois les rapports sexuels terminés, le banquier ne leur a
plus adressé la parole. Il a lu un magazine portant sur les
premières fortunes de France et s'est montré déçu de ne pas y
figurer, a ajouté la Russe. Une autre fois, sous prétexte qu'il
n'avait pas d'argent pour faire le plein, il les a abandonnées
toutes les deux dans une station-service sur l'autoroute, entre
Genève et Montreux. C'est l'ami de Cécile B. qui est venu les
chercher pour les ramener à Clarens.
"C'était le jeu du chat et de la souris", a rapporté un autre ami
de Cécile B. Il a raconté qu'Edouard Stern se montrait souvent
méprisant, humiliant envers sa maîtresse. Un jour, il l'a forcée à
entretenir un rapport sexuel sous ses yeux et il l'a vue
pleurer.
Pas intéressée par l'argent
Selon ce témoin, Cécile B. n'était pas du tout intéressée par
l'argent. Le million de dollars promis par le banquier n'avait pour
elle qu'une valeur symbolique. Edouard Stern se montrait d'ailleurs
plutôt avare. Durant trois ans il ne lui aurait pratiquement rien
offert, à part une montre sans valeur, un pull avec encore le prix
sur l'étiquette et une peau d'ours.
Le procès se poursuit lundi, avec notamment l'audition de certains
enregistrements téléphoniques et surtout l'interrogatoire de
l'accusée.
ap/mej