Dharani était enceinte de son deuxième enfant, lorsque le médecin qui la suivait aux Hôpitaux Universitaires de Genève l'a convaincue de quitter le domicile familial. Elle était en danger.
Assise dans le salon du foyer Arabelle, la jeune femme se souvient avec émotion de ce jour où elle a trouvé le courage de tout quitter: son mari, son appartement et son quotidien. De ce moment où elle s'est effondrée aussi, quand elle a compris qu'il n'y avait de place nulle part pour elle et son fils de deux ans. Ce jour-là, comme souvent, même les refuges d'urgence sont pleins. "J'avais un peu repris espoir et quand ils m'ont dit qu'il n'y avait pas de place, ça m'a cassé."
Une femme sur quatre refusée par manque de place
Une situation malheureusement loin d'être unique. En Suisse, une femme sur quatre qui veut fuir un conjoint violent se heurte au manque de place en foyer comme le pointe une étude commandée par la conférence des directeurs cantonaux des affaires sociales. A Genève, où sévit aussi une pénurie de logement, la situation est particulièrement critique. Une étude publiée par le bureau de l'égalité constate: "les foyers, qu'ils offrent un hébergement d'urgence ou à moyen terme, fonctionnent à saturation tout au long de l'année."
C'est finalement dans un hôtel qu'ont atterri Dharani et son enfant. Ils y sont restés deux semaines avant d'être dirigés vers le foyer d'urgence du Pertuis où ils ont vécu plus d'un mois. "Ce qui est difficile à l'hôtel, c'est qu'il n'y a pas de cuisine, explique la jeune femme. On doit tout le temps acheter à manger dehors. On est déjà en mode survie, mais là on se retrouve très seul. A ce moment là, je me disais que j'étais forte et que j'allais m'en sortir, mais la vérité, c'est que j'avais besoin d'aide."
40 femmes sur liste d'attente
C'est finalement au foyer Arabelle que Dharani a trouvé refuge en septembre 2017. Enceinte, son cas était considéré comme prioritaire.
Ce foyer de 18 chambres est constamment en surcapacité. Quarante femmes sont actuellement sur liste d'attente, alors qu'aucune place ne devrait se libérer avant juillet. Dans l'attente, chacune se débrouille comme elle peut, comme l'explique le directeur de l'institution, Marc-Antoine La Torre: "Elles vont dans un foyer d'urgence comme le Pertuis, ou elles retournent vivre chez une amie ou dans la famille. D'autres naviguent entre plusieurs connaissances ou sont hébergées à l'hôtel. C'est assez chaotique. On a même eu des résidentes qui ont passé des nuits dans la rue."
Julie Conti
Recherche de financement
La conférence des directeurs cantonaux des affaires sociales a décidé d’améliorer le financement des refuges pour femmes. Le secrétariat général a été chargé d'élaborer des recommandations allant dans ce sens. ATS