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L'élection au Conseil fédéral: un système particulier

Le fauteuil de président de la Confédération pourrait devenir plus prestigieux.
Qui occupera le fauteuil de Pascal Couchepin?
A deux jours de l'échéance, bien malin celui qui peut prédire qui succédera à Pascal Couchepin au Conseil fédéral. Le système d'élection des 7 Sages est l'un des éléments de la stratégie des partis. Coup de projecteur sur ce mode de scrutin particulier.

Mercredi, la Suisse entière aura les yeux braqués sur le Palais
fédéral où se déroulera l'élection du successeur de Pascal
Couchepin, à suivre en direct sur TSR1 et sur tsrinfo.ch
dès 7h45, et sur La Première dès 7h30
. Officiellement, ils
sont trois candidats à briguer son siège. Mais il pourrait y avoir
des candidats de dernière minute grâce au mode d'élection du
Conseil fédéral.



En effet, des candidatures non officielles peuvent être lancées
lors des deux premiers tours, durant lesquels chaque parlementaire
peut voter pour la personne éligible de son choix.

Plus de nouveau candidat au 3e tour

Les choses se corsent à partir du 3e tour, car aucune nouvelle
candidature ne peut plus être acceptée. En outre, celui qui obtient
le moins de suffrages est éliminé. Il suffit ainsi de donner
quelques voix supplémentaires à un candidat alibi pour écarter
définitivement un prétendant sérieux.



Lorsqu'il ne reste plus que deux personnes en lice et qu'elles
obtiennent le même nombre de suffrages, le scrutin se poursuit
jusqu'à ce que l'une des deux l'emporte. Si un candidat renonce à
sa candidature avant ou pendant le scrutin, l'opération électorale
a quand même lieu ou se poursuit. Le candidat reste donc éligible.
Par contre, il a le droit de refuser son élection. Dans ce cas, une
nouvelle élection a lieu.

Serment ou promesse

Si le nouveau membre du Conseil fédéral accepte son élection, il
doit ensuite prêter serment ou tenir une promesse. Il doit ainsi
prononcer les formules: «Je jure devant Dieu tout-puissant
d'observer la Constitution et les lois et de remplir en conscience
les devoirs de ma charge» ou «Je promets d'observer la Constitution
et les lois et de remplir en conscience les devoirs de ma
charge».



Le nouveau conseiller fédéral entre en fonction deux mois au plus
tard après son élection. A noter encore que son élection se déroule
à bulletin secret. Des bulletins vierges sont remis aux
parlementaires, qui les remplissent avant de les déposer dans des
urnes fermées que leur présentent les huissiers.

La nuit des longs couteaux

C'est souvent durant « La nuit des longs couteaux », soit la
nuit précédant l'élection du conseiller fédéral (à suivre sur
le fil d'infos-minute de la TSR et
sur la RSR mardi dès 22h30), qu'ont lieu toutes sortes de
combinaisons, d'alliances et de trahisons de dernière minute entre
les différents partis pour choisir le nouveau Sage. Les coups de
théâtre électoraux, comme la non-élection d'un favori, sont souvent
décidés dans ces moments-là.



Ainsi, l'élection en 2003 a-t-elle vu l'élimination de la
conseillère fédérale Ruth Metzler-Arnold (PDC) et la non-élection
de la candidate radicale Christine Beerli. De même, Christoph
Blocher avait été éliminé au profit de la Grisonne Eveline
Widmer-Schlumpf à la suite d'une conspiration menée durant cette
fameuse nuit. Enfin, lors de l'élection d'Ueli Maurer en décembre
2008, le Thurgovien Hansjörg Walter avait aussi failli être élu à
la place du Zurichois.



Christine Talos

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Tout reste ouvert mercredi

Officiellement, ils sont trois à briguer le fauteuil laissé vacant par Pascal Couchepin: les libéraux-radicaux Didier Burkhalter (NE) et Christian Lüscher (GE) ainsi que le démocrate-chrétien Urs Schwaller (FR). Ce dernier, malgré les critiques sur le fait qu'il n'est pas romand, va tenter de récupérer le second siège au gouvernement perdu par son parti en 2003 lors de l'éviction de Ruth Metzler.

L'ambition du groupe PDC, qui détient avec ses alliés PEV et Verts libéraux 52 sièges à l'Assemblée fédérale, pourrait être soutenue par le camp rose-vert, fort de 75 voix. Ensemble, ils s'assurent en effet une majorité à même de permettre l'élection d'Urs Schwaller, qui se voit d'ailleurs déjà bien ministre des affaires sociales.

Mais même si le candidat PDC semble avoir une bonne cote chez les socialistes, il n'est pas certain que ces derniers veuillent prendre le risque de l'élire.

D'une part parce qu'une telle manoeuvre pourrait se retourner contre eux lorsqu'il s'agira de remplacer Moritz Leuenberger ou Micheline Calmy-Rey. D'autre part, à deux ans des élections fédérales, le PS n'aura peut-être pas envie de laisser à l'UDC le plaisir de faire campagne contre «un gouvernement de centre-gauche» si Urs Schwaller est élu.

Quant aux Verts, autres arbitres de cette élection, ils pourraient devoir attendre encore longtemps pour entrer au Conseil fédéral s'ils élisent maintenant un PDC. Il n'est donc pas exclu que la gauche soutienne finalement Didier Burkhalter, Christian Lüscher étant définitivement jugé comme trop à droite.

Elle pourrait aussi miser sur un autre papable, par exemple le conseiller aux Etats radical Dick Marty, dont le nom a beaucoup circulé ces derniers temps. Le Tessinois a d'ailleurs dit qu'il ne refuserait pas une élection.

Suivant la tournure de l'élection, l'UDC pourrait aussi lancer Jean-François Rime (FR) dans la course. Avec ses 66 voix, le groupe est en mesure de maintenir son poulain jusqu'au troisième tour.