Quand une femme se retire momentanément de la vie professionnelle pour se consacrer à ses enfants, les conséquences sur sa carrière sont durables. Et désormais chiffrées par une étude de Pro Familia publiée jeudi en collaboration avec les Universités de Neuchâtel et Fribourg.
En moyenne, les femmes qui interrompent leur activité professionnelle le font pour une durée de 9,2 ans, selon cette étude. Plus précisément, 12,1 années pour celles sans formation et 6,7 ans pour les femmes qui ont un diplôme de niveau tertiaire.
"Ce qui est paradoxal, c'est que les femmes avec une formation tertiaire s'arrêtent de travailler moins longtemps, mais sont davantage prétéritées au niveau financier", explique dans le 12h45 Philippe Gnaegi, directeur de la faîtière des organisations familiales de Suisse.
Une perte de revenu d'un demi-million sur une carrière
Car pour les femmes diplômées, la perte de salaire se monte à 3,2% par année d'interruption, a calculé l'étude. Ce qui signifie qu'elles voient leur salaire annuel brut amputé de près de 20'000 francs en moyenne lorsqu'elles reprennent leur carrière. Au total, sur le restant de leur vie professionnelle, cela correspond à une perte totale de revenu d'un demi-million de francs, a estimé Pro Familia.
La plus grande partie de l'écart s'explique par la perte d'expérience professionnelle. Il est aussi probable que ces femmes soient discriminées de par leur statut de mères, écrivent les auteurs du document.
Il en résulte un appauvrissement à l'échelle de chaque femme, ainsi qu'à l'échelle nationale. Pour l'économie suisse, la perte est estimée à 800 millions de francs par an par l'étude.
La solution de la hausse des places d'accueil
Une fois ce constat dressé, comment favoriser l'activité professionnelle des mères d'enfants en bas âge? C'est une des questions que se sont posés les auteurs du rapport publié jeudi. Réponse la plus efficace selon l'étude: augmenter le nombre de places en crèches.
Si l'offre de places d'accueil augmentait de 30% en Suisse - ce qui correspond à plus de 18'000 places - le taux d'activité moyen des mères remonterait à 70%.
"Cela aurait des conséquences très visibles", estime Philippe Gnaegi. Et de citer de meilleures perspectives de carrière pour les mamans, une diminution du risque de pauvreté et un plus large éventail de personnes qualifiées pour les employeurs.
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"Pour l'économie, les cantons et les communes, cela représente aussi un gain parce que le retour sur investissement est positif", ajoute Philippe Gnaegi. L'étude estime en effet que les coûts induits par la création des places en crèche seraient compensés par les recettes fiscales des mères qui travaillent.
Tamara Muncanovic