Le SRC dit avoir constaté une augmentation d'événements imputables à des extrémistes de droite et de gauche. Le service précise avoir enregistré en 2018 trois fois plus d'évènements dans le domaine de l'extrémisme violent de droite, par rapport à 2017. C'est 23% de plus côté des extrémistes de gauche.
Concernant, l'extrême droite, le SRC indique que plusieurs groupes disposent désormais de sites internet accessibles au public et l'un d'eux a même ouvert son propre local dans le canton de Vaud.
La plupart des actions, à l’image des patrouilles de protection de la population, sont d'abord des opérations de propagande. Mais ces milieux possèdent d’importantes quantités d’armes fonctionnelles. Leurs membres s’entraînent en outre à la manipulation d’armes à feu et aux sports de combat.
Potentiel de violence
L'extrême droite continue pour l'instant d’agir dans le plus grand secret pour éviter, comme en Valais, qu'un concert soit annulé face aux réactions de l’opinion publique. Cette pression publique contribuera probablement à un repli dans l’ombre plus marqué, risquant de donner lieu à de violentes réactions de frustration.
Le potentiel de violence pourrait se concrétiser dès l’instant où ces milieux identifieront un point de ralliement autour d’un sujet d’actualité comme une hausse de l'immigration ou un attentat djihadiste. Selon le directeur du SRC Jean-Philippe Gaudin, un extrémiste de droite pourrait être tenté d'imiter le massacre de Christchurch, en Nouvelle-Zélande.
Des situations susceptibles de dégénérer
Les extrémistes de droite pourraient en outre réagir violemment aux actions à leur encontre de l’extrême gauche. Le potentiel violent de cette dernière demeure également élevé. Plusieurs autres situations sont susceptibles de dégénérer. Les extrémistes de gauche peuvent par exemple profiter de rassemblements de personnes pour passer à l'acte sous couvert de la foule et agresser la police.
Une recrudescence marquée des incidents en lien avec les extrémistes de la cause animale a en outre été observée en 2018. Plusieurs actions contre la chasse ont été menées notamment à Zurich. La lutte contre la consommation de viande a conduit à de nombreux dégâts matériels en Suisse romande. Six entreprises ont été attaquées au cours d’une même nuit à Genève.
ats/boi
Le nombre de voyageurs du djihad reste stable
La Suisse compte un peu moins de personnes présentant un risque en lien avec le terrorisme. Selon les nouvelles statistiques du Service de renseignement, les chiffres des voyageurs du djihad sont également stables.
En mai, le service a enregistré 66 personnes à risque et 92 voyageurs du djihad. Le nombre de ces derniers, partis de Suisse dans des zones de conflits n'a pas bougé depuis février. Le monitoring du djihad sera donc publié désormais tous les six mois au lieu de trois.
Aucun départ vers la zone de conflits irako-syrienne n'a été enregistré depuis 2016. Depuis 2001, 77 départs ont été recensés vers la Syrie et l’Irak, 15 vers la Somalie, l’Afghanistan, le Pakistan et les Philippines. Parmi ces voyageurs, certains sont encore sur place ou passent d'une zone de conflits à une autre, 31 sont décédés. Le nombre des retours se monte à 16.
La menace terroriste demeure toutefois élevée en Suisse, précise le SRC, en raison des possibles retours de djihadistes qui ont été formés sur zone, ou de personnes qui se sont radicalisées en Suisse et souhaitent perpétuer l'idéologie du groupe Etat islamique.
Nouvelle loi en consultation
Le Conseil fédéral va mettre en consultation en été 2020 une révision de la loi sur le renseignement, a expliqué la ministre de la défense Viola Amherd en présentant le rapport annuel dur SRC. Il pourrait proposer de renforcer l'arsenal du service.
Moyennant une série d'autorisation, dont celle de la justice, les agents du SRC peuvent surveiller des communications, observer des faits dans des lieux privés, si nécessaire en installant des micros ou de caméras, ou perquisitionner secrètement des systèmes informatiques et y installer des "chevaux de Troie".
Ces instruments ne peuvent être utilisés que contre le terrorisme, l'espionnage et la prolifération d'armes. Ils pourraient aussi l'être contre l'extrémisme violent. Nous avons été critiqués de ne pas être assez actifs dans ce domaine et cela nous donnerait plus de moyens, a expliqué le directeur du SRC Jean-Philippe Gaudin.
Mais la décision sera politique, a-t-il souligné. La ministre de la Défense marche sur des oeufs. La question sera analysée très précautionneusement, a-t-elle précisé. Pour le reste, la révision de la loi devrait porter sur une optimisation de la surveillance du SRC.