Fort du succès de sa pétition contre la suppression de 420
offices postaux, remise en juin avec 160'000 paraphes, le Syndicat
de la communication est passé à la vitesse supérieure en décidant
de lancer une initiative populaire. Il a reçu le soutien du PS et
de l'Union syndicale suisse (USS).
Objectif affiché: contrer la libéralisation du secteur. "La
logique qui prévaut au Parlement et à la direction de La Poste est
de dire qu'inéluctablement le marché va être libéralisé. Cela
conduit à une mise en danger du service universel dans sa qualité
et sa densité. Nous faisons la démarche inverse", explique le
président du Syndicat de la communication Alain Carrupt.
En Europe, la libéralisation a fait des dégâts dévastateurs,
renchérit Rolf Zimmermann de l'USS. En Suède, seuls les gros
clients ont tiré leur épingle du jeu. Pour les PME et les ménages,
les prix ont massivement augmenté, fait-il valoir. En Allemagne, ce
sont les salaires qui se sont effondrés.
Définir les prestations et leur financement
Loin de se résumer à un "non", l'initiative apporte "une vision
offensive du service public", selon le président du PS suisse
Christian Levrat. Elle campe "une poste dynamique, prête à
développer de nouvelles prestations". Le texte les "définit plus
clairement que ne le fait la loi, et comment ont les
finance".
L'initiative exige que la Confédération garantisse à tous les
habitants du pays un réseau postal couvrant tout le territoire et
un accès facile et rapide à toutes les prestations d'un service
universel. Pour financer cela, l'initiative ancre le maintien du
monopole des lettres jusqu'à 50 grammes et surtout le développement
du secteur bancaire de La Poste, en lui permettant de délivrer des
crédits et des hypothèques.
Cette banque postale serait détenue à 100% par le géant jaune.
Avec la création d'une banque postale, "nous réglons la question de
la trop grande importance de l'UBS sur le marché suisse, notamment
pour les PME", estime Christian Levrat. Pour lui, "la banque
postale est à terme indispensable pour faire fonctionner le service
universel". Jusqu'à ce jour, l'idée d'accorder licence bancaire à
PostFinance s'est heurtée au refus du gouvernement.
ats/ther
Référendum en vue
Les initiants se sont fixés l'objectif de récolter les 100'000 signatures d'ici le printemps prochain.
Légalement, ils ont jusqu'au 24 mai 2011 pour le faire. Mais la gauche entend agir vite pour peser de tout son poids sur la révision de la loi sur la Poste, en cours au Parlement.
Le calendrier prévu pour la libéralisation intégrale du marché d'ici 2013, un an après l'entrée en vigueur de la loi, est "irresponsable", lance Alain Carrupt.
Si les Chambres "n'améliorent pas" le projet actuel, ce sera le référendum. "On va clairement utiliser ce débat pour amener les partis de droite à se positionner", précise Christian Levrat.
La semaine dernière, la centrale syndicale Travail.Suisse et Transfair ont également brandi la menace du référendum.
Le peuple s'est déjà prononcé sur la refonte de La Poste. En 2004, l'initiative populaire "Service postaux pour tous" avait été refusée de peu, par 50,2% des votants et 16 cantons. La Suisse romande et les régions périphériques avaient été les plus sensibles aux fermetures et transformations de petits bureaux de poste.