Une alliance de différentes organisations, dont la Fédération romande des consommateurs (FRC), a présenté lundi à Berne le résultat d'un sondage qui montre que la population préférerait que leur identité numérique soit administrée par l'Etat.
Or, dans son projet de loi sur l'identité électronique, la Confédération veut travailler avec le secteur privé. En gros, l'Etat jouerait le rôle du vérificateur pour s'assurer qu'une personne est bien celle qu'elle prétend, alors que le secteur privé jouerait le rôle du technicien, en charge de la production des supports de l'identité électronique, pour les téléphones portables, cartes bancaires ou abonnements de transports.
Une question politique
Tout le monde est d'accord sur le fait qu'il faut une identité numérique pour les habitants de la Suisse. Faire des transactions sur internet est en effet devenu un geste banal. Mais pour les associations de défense des consommateurs, il est nécessaire que l'Etat se charge de tout pour éviter que les données soient utilisées encore plus pour de la publicité ciblée.
Selon le sondage présenté lundi, 87% des sondés veulent que l'identité numérique soit délivrée et gérée par l'Etat. Seuls 2% font confiance au secteur privé. L'enquête montre aussi que les plus favorables à une solution étatique sont les 18-34 ans, soit la "génération smartphone".
Pour Sophie Michaud Gigon, secrétaire générale de la FRC, interrogée dans le 12h45, donner aux sociétés privées l'habilitation à délivrer une identité électronique est inquiétant car "le Parlement ne met pas de garde-fou à ce modèle et les entreprises pourraient utiliser les données à des fins commerciales".
Pauline Rappaz/lan
Plus de 900 personnes interrogées
Cette enquête est publiée alors que le projet de loi sur l'identité électronique a déjà passé la rampe du Conseil national. Il sera débattu dans une semaine au Conseil des Etats.
Le sondage représentatif a été réalisé par l'institut Demoscope, qui a interrogé 973 personnes ayant le droit de voter.