La Confédération a prévu une enveloppe de 600 millions de
francs, dont 400 pour lutter contre le chômage et 200 pour soutenir
le pouvoir d'achat via la réduction des primes maladie. En comptant
les premier et deuxième plans conjoncturels, la facture globale est
désormais évaluée à 1,7 milliard.
Juguler le chômage
Les nouvelles mesures visent avant tout à atténuer les
conséquences de la hausse rapide du chômage. Un dispositif ciblé,
d'une durée de deux ans, est mis en place pour les groupes les plus
vulnérables, en priorité les chômeurs de longue durée et les jeunes
à la recherche d'un emploi. Un employeur qui offre son premier
travail à un jeune pourrait par exemple toucher une contribution
salariale.
Le Conseil fédéral veut aussi encourager le perfectionnement
durant la période de chômage. Il met en particulier l'accent sur la
formation dans le domaine énergétique afin de faire face au manque
de personnel qualifié dans ce secteur. Les services de Doris
Leuthard espèrent que 20'000 personnes pourront profiter de ce coup
de pouce supplémentaire.
Développer la technologie
La durée de la crise doit également
être exploitée afin de mettre en évidence les nouveaux potentiels
pour la place technologique helvétique, selon le Conseil
fédéral.
Il s'agit d'un secteur prometteur, mais qui souffre d'un manque
d'organisation et de coordination, ce qui peut être préjudiciable
pour décrocher de gros contrats, a relevé Doris Leuthard devant la
presse.
200 millions pour l'assurance maladie
L'autre axe du 3e plan de relance touche l'assurance maladie. En
injectant 200 millions de plus à la réduction des primes, le
Conseil fédéral entend "nettement alléger" les ménages. Cette
enveloppe, décidée le 29 mai, s'ajoute aux quelque 2 milliards de
subsides déjà accordés par la Confédération.
En termes de pouvoir d'achat, ce troisième volet conjoncturel est
censé soulager les consommateurs et l'économie de 750 millions.
Outre les mesures pour les chômeurs et les assurés, l'entrée en
vigueur de la réforme visant à simplifier la perception de la TVA a
été avancée à début 2010. Les économies pour les entreprises sont
estimées à 150 millions dans l'ensemble.
Il n'a toutefois pas été question de faire fi du principe du
frein à l'endettement. Le Conseil fédéral entend utiliser
entièrement la marge de manoeuvre budgétaire à sa disposition, mais
sans aller au-delà, car il serait dangereux d'hypothéquer l'avenir,
a averti le grand argentier Hans-Rudolf Merz.
"2010 sera difficile, mais on sait déjà que 2011 sera encore plus
difficile", a affirmé le chef du Département fédéral des finances,
faisant allusion notamment aux pertes fiscales attendues. Comme sa
collègue de l'Economie, le ministre des Finances a insisté sur
l'importance de préparer l'après-crise.
Pas de quatrième plan
Et les deux conseillers fédéraux d'arguer que les mesures
proposées suffisent pour affronter les années de vaches maigres à
venir. D'ores et déjà réclamé par la gauche qui juge "rachitique"
le 3e plan de relance, un 4e programme conjoncturel n'est pas
d'actualité aux yeux de Doris Leuthard et d'Hans-Rudolf Merz.
ats/mej
Réactions mitigées des partis
Le 3e plan conjoncturel adopté mercredi par un Conseil fédéral divisé aura du mal à passer tel quel la rampe du Parlement. Le camp bourgeois s'oppose au volet lié à la réduction des primes maladie, quand ce n'est pas à tout le programme.
Le PLR et l'UDC rejettent l'entier du programme, le PDC uniquement le volet lié aux primes maladie.
"Cette mesure peu convaincante mange déjà un tiers du plan conjoncturel", regrette le président du Parti démocrate-chrétien Christophe Darbellay, interrogé par l'ATS. Le Valaisan juge en revanche "très intelligentes" les autres mesures, ciblées sur le chômage. Elles correspondent entièrement à la ligne du PDC, se réjouit-il. L'ampleur du plan de relance est raisonnable et adéquate. Et surtout il respecte le frein à l'endettement.
Les libéraux-radicaux sont moins convaincus. Le montant prévu, bien que se conformant au frein à l'endettement, est déjà trop élevé. Le programme a été élaboré selon des considérations émotionnelles et non économiques, dénonce le parti dans un communiqué. Les mesures contre le chômage provoqueront des effets d'aubaine: des entreprises qui voulaient de toute façon engager des jeunes le feront mais en étant subventionnées cette fois-ci.
Comme l'UDC, le PLR veut agir par une baisse des impôts. Les libéraux-radicaux mettent l'accent sur la compensation automatique de la progression à froid, la déduction fiscale des frais de garde par des tiers ou la 3e réforme de l'imposition des entreprises.
L'Union démocratique du centre demande elle de ne pas augmenter la taxe sur le CO2, de geler le montant des primes maladie et de réduire la TVA, explique son président Toni Brunner. L'UDC craint surtout qu'un nouveau plan de relance soit en train d'être ficelé en coulisses.
A l'autre bout de l'échiquier politique, le montant de 600 millions est jugé "insignifiant", "rachitique". "Le Conseil fédéral se limite au carcan du frein à l'endettement, entrave supplémentaire au retour à la croissance", écrit le Parti socialiste dans un communiqué.
Avec les Verts, les socialistes auraient souhaité des investissements dans le domaine des énergies renouvelables ou des transports. "En encourageant l'installation de cellules photovoltaïques, on aurait donné un coup de pouce à la création de quelque 10'000 places de travail", estime le PS. La gauche demande que le Conseil fédéral remette l'ouvrage sur le métier.
Syndicats déçus, économie partagée
Le troisième volet conjoncturel est loin de convaincre l'Union syndicale suisse. Selon l'USS, les mesures annoncées mercredi sont nettement insuffisantes pour soutenir le pouvoir d'achat des Suisses.
"Avec sa politique, le gouvernement renforce la crise en affaiblissant le pouvoir d'achat", a indiqué à l'ATS Daniel Lampart, chef économiste auprès de l'USS.
D'après lui, le Conseil fédéral est clairement dans une logique restrictive. La hausse des primes maladie et les mesures d'économie prévues par la Confédération, les cantons et les communes atteignent 8 milliards de francs, explique l'USS.
"Or, le Conseil fédéral n'alloue que 10% de ce montant, ce qui est loin d'être suffisant", ajoute Daniel Lampart. "Il est temps de prendre des mesures pour les gens à bas et moyens revenus, et pas seulement pour l'UBS et les plus riches", conclut-il.
De son côté, economiesuisse estime le plan défendable. L'association patronale craignait que le paquet conjoncturel soit trop volumineux. "Nous saluons en principe cette décision pragmatique du Conseil fédéral", a dit à l'ATS le chef économiste d'economiesuisse, Rudolf Minsch.
Ce dernier juge décisif le fait que le gouvernement ait respecté le frein à l'endettement. Vu la forte hausse du chômage, il est légitime d'utiliser la marge de manoeuvre budgétaire pour les personnes durement touchées sur le marché du travail, note economiesuisse.
L'organisation souhaite toutefois que les mesures restent temporaires et qu'elles cessent le plus vite possible, soit en 2011.
Représentant les PME, l'Union suisse des arts et métiers (USAM) n'est pas du même avis. Elle estime que ce plan sera peu efficace et sans effet durable.