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Ecône (VS): ordinations contestées de huit prêtres

La Fraternité a maintenu la cérémonie malgré la condamnation du Vatican.
La Fraternité a maintenu la cérémonie malgré la condamnation du Vatican.
La Fraternité Saint-Pie X a ordonné lundi huit nouveaux prêtres et neuf diacres à Ecône (VS). Le Vatican a fait part de sa désapprobation le 17 juin déjà, déclarant ces ordinations «illégitimes», ce qui n'a pas empêché la Fraternité de procéder aux ordinations prévues.

Une messe solennelle en latin a eu lieu lundi matin à Ecône,
dans le Valais, site du principal séminaire de la Fraternité Saint
Pie X fondée par Mgr Lefebvre en 1970. Contestant les décisions du
concile Vatican II, la Fraternité procède tous les ans à des
ordinations le 29 juin, à l'occasion de la Fête de Saint-Pierre et
Saint-Paul.



Cette année, le contexte est un peu différent parce que le pape a
proposé l'ouverture de discussions dans la perspective d'une
réconciliation. Faisant un premier geste envers la Confrérie, le
pape Benoît XVI a levé le 21 janvier l'excommunication de quatre
évêques dont l'ordination, sans l'accord du Vatican, avait conduit
en 1988 à marginaliser la Fraternité.

Vingt-sept ordinations

La messe, célébrée sous une tente blanche extérieure face à
quelque 2500 fidèles installés en plein air, était présidée par Mgr
Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité Saint Pie X.



Dans son homélie, il a souligné que la Fraternité procédait cette
année à 27 ordinations de prêtres (en Suisse, en Allemagne et aux
Etats Unis) "alors que des pays de tradition catholique comme la
France ou l'Allemagne, n'arrivent même pas à en ordonner une
centaine" (90 en France cette année, ndlr).



Il s'est dit "étonné du chahut fait autour de nos ordinations,
alors que dans beaucoup de pays, l'Eglise (romaine) manque de
prêtres". Evoquant les tentatives de rapprochement initiées par le
Vatican, Mgr Fellay a dit que La Fraternité était "dans une
situation intermédiaire, forcément imparfaite".

Une fraternité toujours exclue

"Tant que la Fraternité n'a pas une position canonique dans
l'Eglise, ses ministres non plus n'exercent pas de ministères
légitimes dans l'Eglise", rappelait le communiqué du Vatican du 17
juin. Il reprend ainsi les propos tenus par le pape Benoît XVI dans
une lettre à l'ensemble des évêques, publiée le 10 mars
dernier.



Début juin, les quelque 15 cardinaux de la Congrégation pour la
doctrine de la foi ont travaillé sur un texte. Il vise à préciser
le cadre du dialogue à venir avec les Lefebvristes.



Il s'agit, comme l'a souhaité le pape lui-même, de traiter
désormais les problèmes doctrinaux et théologiques, à commencer par
«l'acceptation du Concile Vatican II et du magistère
postconciliaire des papes».



La Conférence des évêques suisses (CES) n'est pas surprise que ces
ordinations aient eu lieu cette année aussi. "C'est un signe que la
Fraternité n'est pas en lien avec Rome et le pape, dans la
situation actuelle", a indiqué Walter Müller, attaché de presse de
la CES. "Nous verrons si les entretiens prévus à Rome feront
évoluer la situation".



agences/sbo

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Une Fraternité excommuniée depuis 1988

Le Concile de Vatican II qui a modernisé les rites ecclésiastiques catholiques, est au coeur de la discorde entre la Fraternité et Rome. Fondée en 1970 par Mgr Lefebvre, la Fraternité s'y oppose fermement.

La décision de Mgr Lefebvre d'ordonner lui-même quatre évêques sans l'accord du pape Jean-Paul II, en 1988, a conduit à leur excommunication. Cela a provoqué un schisme au sein de l'Eglise catholique.

Pour une reprise du dialogue, le pape a entamé un processus de rapprochement. La libéralisation de la messe tridentine et, en janvier dernier, la levée de l'excommunication de quatre évêques intégristes doivent y contribuer.

Malgré la levée de l'excommunication de ses évêques, la Fraternité rejette toujours le Concile Vatican II. Il reste de nombreuses étapes avant de parvenir à mettre fin au schisme.

Il faudra notamment «définir le statut» de l'organisation intégriste au sein de l'Eglise catholique, précisait en janvier dernier le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi.