Le président actuel de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avait averti la Suisse de la nécessité de signer l'accord-cadre rapidement, car après les élections européennes elle obtiendrait de moins bonnes conditions.
"Négociez avec moi, concluez avec moi, parce que d'ici une année je ne serai plus là et vous allez voir", avait déclaré le Luxembourgeois lors d'un entretien avec la RTS en septembre dernier.
Huit mois plus tard, aucun consensus n'a été trouvé en Suisse autour de l'accord-cadre, essentiellement car il remet trop fortement en cause les mesures d'accompagnement.
"Bon pour la Suisse"
Selon le Parti socialiste suisse, la situation n'a pas empiré après les élections européennes de ce week-end. Au contraire, le nouveau Parlement européen pourrait permettre à la Suisse d'obtenir une meilleure protection de ses travailleurs.
"Aujourd'hui, avec l'addition des voix de la gauche, des Verts, de certains partis populistes et des macronistes, qui ont souligné la nécessité de protéger les salaires de manière plus efficace dans l'Union européenne, on peut espérer conquérir des majorités", assure lundi le président du PS Christian Levrat dans le 19h30.
Dans quelques jours le Conseil fédéral devrait annoncer ce qu'il compte faire de l'accord-cadre. Selon l'UDC Roger Köppel - également opposé à ce texte - le renforcement des eurosceptiques au Parlement européen est une chance pour la Suisse.
"Je pense que l'UE n'est plus un bloc homogène. Il y a plusieurs perspectives et c'est bon pour la Suisse", explique-t-il.
Manfred Weber en favori
L'équilibre des forces renouvelé au Parlement européen fait renaître en Suisse l'espoir d'une Europe moins centraliste et plus sociale que celle défendue par Jean-Claude Junker.
L'avenir des relations Suisse-Europe dépendra toutefois beaucoup de qui lui succédera à la présidence de la Commission européenne. Le conservateur allemand Manfred Weber fait figure de favori. Si le choix tombe sur lui, la Suisse saura clairement à quoi s'attendre. Une Suisse qui râle sans arrêt contre Bruxelles tout en cherchant à profiter de tous les avantages? "Je ne tolérerai plus cela", avait-il lancé lors d'une réunion publique en mars.
Son rival social-démocrate, Frans Timmermans, n'a pas encore fait savoir quelle attitude il adopterait face à Berne. Le même principe vaut pour la libérale Margrethe Vestager.
jmh/gma
Les Verts suisses galvanisés
Les succès des Verts aux élections européennes donnent des ailes aux écologistes suisses, qui annoncent vouloir gagner lors des fédérales d'octobre.
La conseillère nationale Adèle Thorens (Verts/VD) a notamment salué lundi les succès des partis écologistes, en France ou en Allemagne. Elle y voit un "antidote" à la montée des populismes en Europe mais aussi aux Etats-Unis, ainsi qu'un signal de plus en vue des élections fédérales de cet automne.
"Les Verts gagneront" lors des élections fédérales de cet automne, a promis le chef du groupe au Parlement et conseiller national Balthasar Glättli (Verts/ZH) lors d'une conférence de presse à Berne. Il n'a pas voulu donner d'objectif chiffré pour le Conseil national. Mais le parti vise au moins à récupérer les pertes subies lors des derniers scrutins.